Les syndicats affiliés à la FSSS–CSN demandent actuellement à leurs employeurs qu’ils fournissent les listes des personnes travaillant dans chaque département, afin de commencer à préparer les pourparlers de la liste des services essentiels avec les employeurs.
Syndicalement, nous avons toujours eu à cœur l’accessibilité de la population aux services, c’est la motivation première derrière notre rejet du projet de loi 10. C’est pourquoi nous devons travailler à définir ce que seront les services à maintenir en cas de conflit de travail ; nous le faisions même avant que le gouvernement n’impose sa « Loi assurant le maintien des services essentiels dans le secteur de la santé et des services sociaux », bien mal nommée, car son véritable objectif est de réduire le rapport de force des salarié-es. Cette loi cherche à imposer davantage de limites à l’exercice du droit de faire la grève, en plus de celles qui sont imposées aux syndicats en général.
S’il doit y avoir une grève, certains nous accuseront probablement quand même de «prendre la population en otage». Pourtant, dans les faits, ce sont nos gouvernements qui, depuis 30 ans, à coups de réformes imposées, de compressions budgétaires stériles, de gels de salaires des employé-es, ont mis le réseau dans cet état. Au contraire, pour nous, la défense du réseau public est au cœur de notre action depuis toujours.
Préparer les listes des services essentiels est un travail ardu. Dans des établissements comptant des milliers d’employé-es sur de multiples sites physiques avec des missions diverses, de l’urgence à l’hébergement en passant par la réadaptation et la prévention, les situations sont diversifiées et souvent complexes. C’est donc une étape incontournable dans une négociation dans la santé et les services sociaux, à laquelle des délais légaux sont prévus. En entreprenant les démarches maintenant, nous pourrons être en mesure d’exercer des moyens de pression coordonnés avec l’ensemble du Front commun.
Trop tôt ?
Les négociations ont commencé depuis quelques semaines, la convention actuelle vient à échéance dans un mois. Certains pourraient penser qu’il est tôt pour parler de recours à la grève. De notre point de vue, nous faisons face à un rouleau compresseur. Les orientations patronales sont du même acabit que les réformes engagées dans le réseau de la santé et des services sociaux et dans les services de garde : unilatérales et méprisantes. Si nous ne nous préparons pas à toute éventualité, nous allons subir les diktats du gouvernement de Philippe Couillard.
Avant d’en arriver à exercer la grève, chacun des 200 syndicats affiliés à la FSSS–CSN devra obtenir un mandat de ses membres, par scrutin secret. C’est un vaste débat qui s’ouvre dans notre organisation syndicale, car cet outil demeure le recours ultime dont nous disposons comme travailleuses et travailleurs pour résister.
Il y a un intérêt de plus en plus marqué dans nos syndicats affiliés pour mener le débat sur le recours à des moyens de pression, allant jusqu’à la grève. Certains syndicats sont plus avancés que les autres dans ces réflexions alors que d’autres commencent à y réfléchir. Tout cela est encourageant, car c’est par la mobilisation que les travailleuses et les travailleurs pourront stopper le bulldozer libéral.
En fin de compte, nos objectifs de négociation vont dans le sens d’assurer à la population l’accès à des services qui leur sont essentiels. Car ces services, ce sont des humains qui les donnent et ces travailleuses et travailleurs ont droit au respect et à des conditions décentes. Comme tous les autres travailleurs, nous avons le droit de négocier nos conditions de travail et cela inclut le droit d’exercer pleinement notre rapport de force.
Jeff Begley