Il est dommage que pendant la campagne électorale, Philippe Couillard n’ait parlé que de la Charte du PQ et du référendum. Quant à son programme économique et à son désir de démanteler l’État québécois en réduisant nos mesures sociales pour les ramener aux moyennes canadiennes, nous n’en avons pas entendu parler avant le 8 avril, soit au lendemain des élections. M. Couillard ne s’est pas présenté sous la bannière de la CAQ, mais il est tout de même en train d’appliquer le programme électoral de ce parti. Cette semaine, nous continuons donc notre exploration de cette volonté du gouvernement Couillard de ramener nos programmes au niveau des moyennes canadiennes. Nous avons commencé cette exploration la semaine dernière.
Depuis le début de leur mandat, les libéraux ont lancé des ballons d’essai très sérieux sur la modulation des frais de garde, sur la remise en question du niveau des prestations de congés parentaux, sur le niveau de financement des programmes fondamentaux comme l’école primaire, secondaire, les CÉGEPS, ainsi que les universités.
Pour sa part, le projet de loi 10 du ministre Barrette va ouvrir la porte à une privatisation importante du réseau de la santé et des services sociaux. De façon plus discrète, les libéraux ont aussi lancé des ballons sur une privatisation (partielle pour commencer) d’Hydro-Québec. Il faut se rappeler que le dernier gouvernement libéral a aussi mis sur la table la possibilité de se défaire de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).
Lorsqu’on parle du Québec comme d’une société distincte, nous nous rendons bien compte que nos gouvernants ne font référence qu’à la langue et à la culture. Ces deux éléments sont essentiels à ce qui fait la distinction du Québec par rapport au reste du Canada. Cependant, c’est loin d’être les seules manières par lesquelles le Québec a choisi de se distinguer du reste du Canada. Dans plusieurs cas, le Québec a une façon différente de résoudre les problèmes sociaux et culturels, en préconisant souvent la voie collective. Cela a contribué à construire la force du Québec, qui a pu ainsi rattraper un retard historique, en termes de développement, avec le reste du Canada. Ce que l’on voit avec les actions du gouvernement Couillard, c’est la remise en question de cette approche collective. C’est du moins ce qu’on peut comprendre de cette intention de nous ramener aux moyennes canadiennes.
Voici une brève présentation de certains traits du modèle québécois, qui démontre qu’il n’y a bien souvent aucune comparaison possible avec le reste du Canada. Comme on le constate, la mise à niveau avec le Canada, si elle survient, ne se fera pas sans impacts importants sur la population québécoise. On peut aussi se demander si, une fois cela fait, on ne tentera pas de signer la constitution canadienne, comme l’a évoqué le premier ministre, ce qui au final, ferait du Québec une province comme les autres.
Voici les faits quant à quelques programmes qui font la distinction du Québec. La semaine prochaine, je vais expliquer pourquoi ces distinctions sont fondamentales. Le projet du gouvernement Couillard de réformer le Québec pour en faire une province canadienne comme une autre a des sérieuses conséquences pour la population. Bonne semaine !
+ Moyenne canadienne en excluant le Québec *2 enfants basés sur le salaire maximal admissible au Québec (62 500 $), suivi de 2 enfants basés sur un salaire de 35 000 $ ** 2 enfants – 4 ans chaque – 225 jours par année *** prime moyen par année **** estimé conservatrice de la facture électrique moyenne au Can.
Quant aux services de garde – Au Québec, la fiscalité prévoit un crédit d’impôt remboursable pour frais de garde pour les parents qui ne bénéficient pas d’une place à contribution réduite. Dans les autres provinces, l’aide fiscale pour la garde des enfants est indirecte. En effet, l’impôt des autres provinces est calculé en fonction du revenu imposable de la déclaration de revenus fédérale. La déduction fédérale pour frais de garde, qui réduit ce revenu imposable, a donc pour effet de réduire aussi l’impôt provincial.