Le remède : mieux gérer le prix des médicaments
Le 21 mars dernier, le président de Pfizer Canada, John Helou, rédigeait un article intitulé « Un remède risqué ».
Lorsque j’ai lu l’article, je me suis dit que M. Helou doit se demander si ses profits extraordinaires vont rester extraordinaires à la suite de l’annonce du ministre Hébert de fixer un plafond pour les médicaments, ou alors si ses profits allaient descendre dans une zone plus raisonnable. Rappelons qu’en 2012, le bénéfice net de Pfizer a progressé de 46% pour se chiffrer à 14,6 milliards de dollars US.
J’ai été déçu de voir que le premier argument du président de Pfizer en fut un d’une démagogie exemplaire.
M. Helou avance que « cette nouvelle politique retire aux médecins le pouvoir essentiel de décider quels médicaments prennent leurs patients, et ce, pour le conférer à des bureaucrates. Elle forcera les pharmaciens à donner aux patients le médicament choisi par le gouvernement. »
Cet argument fut utilisé sans cesse par les Américains contre les réformes pour un système public de santé. Cependant, il n’y a rien de vrai dans cette rhétorique. Aucun bureaucrate ne va se mêler des décisions des médecins et des pharmaciens avec la nouvelle politique que le ministre propose.
Pour bien comprendre le plaidoyer de M. Helou, il faut comprendre d’où il vient. En effet, la compagnie pharmaceutique Pfizer est une des préférées de Wall Street. Entre le 1er janvier de cette année et le 21 mars, les actions de Pfizer ont augmentées de 12,08 % en moins de 3 mois. Selon un article publié le 20 mars 2013 dans Market Watch, un site web du Wall Street Journal, Pfizer est la compagnie préférée pour les investisseurs qui achètent des actions qualifiées comme des actions dans la catégorie santé sur la bourse de New York.
Depuis le pacte entre le gouvernement du Québec et les compagnies pharmaceutiques au milieu des années 1990, les compagnies pharmaceutiques n’ont pas arrêtées pas de faire des profits mirobolants. Quiconque a une assurance médicaments au travail sait très bien que dans bien des cas, les augmentations des assurances dépassent souvent les augmentations salariales. La principale raison de l’augmentation des coûts des assurances est bien sûr le coût des médicaments!
Malheureusement pour le citoyen, c’est à croire que les seules augmentations qu’il peut remettre en question publiquement sont celles des impôts et des taxes. Il ne peut rien faire par rapport à l’augmentation du prix de l’essence. Et il ne peut surtout rien faire pour influencer le prix nettement exagéré des médicaments, eux qui sont souvent essentiels pour la santé de ces citoyens.
En la personne du ministre Hébert, il y a enfin quelqu’un pour dire que c’est assez! Bravo monsieur le Ministre! Vous joignez votre voix à celles de milliers de personnes, de groupes comme la Coalition Solidarité Santé, de Québec Solidaire et d’Option nationale pour commencer à encadrer ce milieu qui fait à sa guise depuis maintenant 20 ans.
La sortie de M. Helou n’est pas surprenante. Je comprends qu’il veut garder ses profits exagérés. Comme on le voit avec la commission Charbonneau, plusieurs deviennent habitués à agir sans poser trop de questions sur l’impact que leurs interventions ont sur le monde ordinaire. Il faut un retour du balancier et mieux gérer le coût des médicaments au Québec. Alors qu’on nous parle sans cesse des difficultés de nos finances publiques, voilà un moyen d’économiser des sommes importantes et de les investir dans les services à la population.
Jeff Begley
Président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN)