Le reportage qui suit porte sur le maintien des bonis aux cadres dans le réseau de la santé et des services sociaux.
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EXCLUSIF – Alors que le gouvernement demande une réduction des dépenses pour mieux équilibrer le budget, les 60 cadres de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal ont obtenu près de 750 000$ en bonis et primes pour leur rendement lors de la dernière année.
En 2008-2009, 228 000$ ont été donnés en primes et bonis et en 2009-2010, 253 000$.
TVA Nouvelles a également appris de la CSN que le CHUM emploie 325 cadres et que ceux-ci ont obtenu 383 000$ en bonis cette année. Du côté du centre jeunesse de Montréal, 187 cadres se sont partagé 280 000$ en bonis.
L’Agence de la santé de Montréal s’occupe de la coordination de tous les établissements de santé. Sur l’île, il y a 43 établissements publics à Montréal et 50 établissements privés.
L’agence de la santé a elle-même un budget de 20 M$. En 2006, l’agence avait 47 cadres à l’emploi. En 2008-2009, ce chiffre a gonflé à 60 cadres. La masse salariale a atteint 7M$ et il y a un cadre pour cinq employés.
Mais, la situation doit changer très bientôt, puisque le gouvernement du Québec force ces agences, par le biais de du projet de loi 100, à réduire leurs dépenses et le nombre de cadres à l’emploi. Aussi, l’an prochain, fini les bonis pour les cadres. Le projet de loi no 100 suspend les primes au rendement pour les années 2010 2011 et 2011 2012 pour tous les gestionnaires de l’État.
Le PDG de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, David Levine, est conscient du nombre élevé de cadres au sein de son agence, une situation à laquelle il tente de remédier. «On administre un budget de 20M$ – donc ces chiffres ne sont pas surprenants.»
«Sur 20M$, on a le mandat du gouvernement de couper 2 M$, soit 10%, et de couper nos postes-cadres qui sont actuellement à 60, à 53.»
L’agence a jusqu’à 2013 pour réduire ses dépenses et le nombre de cadres, mais M. Levine a déjà commencé à préparer le terrain. M. Levine n’obtient plus de primes ou de bonis depuis trois ans.
«On a déjà fait une réorganisation complète, on a déjà coupé trois postes-cadres pour être à 57 en ce moment. Au fur et à mesure que des postes-cadres qui sont prévus pour la retraite, on réorganise le travail», explique M. Levine.
Pourtant, le gouvernement a exigé qu’il embauche un certain nombre de cadres. «La certification des résidences, ça prend des postes-cadres pour faire ça. On a fait une commissaire aux plaintes.»
Quel rendement?
«Ces bonis sont inconvenables», déclare Jean-Philippe Grad, vice-président régional de la Fédération de la santé et des services sociaux-CSN à TVA Nouvelles. «C’est de l’argent qui devrait être dépensé à d’autres fins qu’à des bonis de rendement aux cadres. Pourquoi les travailleurs qui travaillent directement avec la population, n’ont pas cet argent-là?»
Il dénonce le fait que certains établissements réussissent à payer des bonis, tandis que certains programmes sont amputés de leur budget. «Au CSS Jeanne-Mance, les cadres ont reçu 300 000$ depuis trois ans. Et pour boucler le budget, la direction a coupé 300 000$ pour le programme jeunesse. Voilà le choix qu’on fait», ajoute M. Grad. M. Grad croit que cet argent serait mieux investi dans des services directs auprès de la population.
«Si on regard le principe-même du boni au rendement, quel rendement ces cadres ont-ils fait, quand on a des listes d’attente, quand des gens attendent des heures aux urgences, quand on attend pour des services de soutient à domicile?» demande Jean-Philippe Grad. «Pourquoi ne pas augmenter le nombre de travailleurs, plutôt que d’offrir des bonis», suggère-t-il.
Il est également sceptique quant aux promesses de réduire le nombre de cadres, selon le projet de loi 101.
«Souvent on réduit le nombre de cadres, mais par la porte d’en arrière, on les engage comme consultants. Il faut vérifier si effectivement il y aura une réduction du nombre de cadres; je ne le crois pas.»