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    • 02 FÉV 16
    Réviser le panier de services pour mieux démanteler notre réseau public

    Dans les derniers mois, plusieurs interventions du gouvernement Couillard laissent entendre qu’il veut réviser le panier de services qui sera couvert par le système public de santé et de services sociaux. Un tel enjeu préoccupe particulièrement la FSSS-CSN.

    Un faux choix dicté par l’obsession de l’austérité

    Le Commissaire à la santé et au bien-être a d’ailleurs lancé un sondage sur la question, alors qu’on demande aux répondant-es d’indiquer quels types de soins ils privilégient voir couvrir par le système public (et donc nécessairement lesquels ils seraient prêts à voir désassurer). L’existence de cette consultation a d’ailleurs fait les manchettes, alors que cette démarche a été critiquée.

    Au même moment, le ministre Gaétan Barrette multipliait les interventions pour indiquer que l’état des finances publiques aura pour conséquence de forcer un débat sur la révision du panier de services.

    Est-il éthique de poser le débat public en termes de choix exclusifs quant aux soins que le système public sera en mesure de couvrir? Et que dire du fait que l’on semble lier la couverture des soins de santé à la situation des finances publiques, alors que le gouvernement pourrait plutôt prendre les moyens nécessaires pour financer adéquatement les services publics?

    Comment peut-on placer la discussion en termes de choix entre des soins à couvrir sans faire le débat sur les revenus que nous sommes prêts à investir collectivement dans notre réseau?

    Une nouvelle tentative de privatiser notre réseau public

    Il apparaît clair que cette volonté de réviser le panier de services vise à démanteler notre réseau public de santé et de services sociaux. C’est d’ailleurs ce que remarquent plusieurs chercheurs. En supprimant plusieurs actes de la couverture publique, non seulement nous favoriserions le développement d’un lucratif marché privé, mais nous réduirions surtout l’accessibilité aux services de santé et de services sociaux.

    Il n’est pas étonnant que cette volonté de désassurer des soins de santé et de services sociaux vienne d’un gouvernement obsédé par l’austérité et tentant par tous les moyens de mettre notre réseau public au service du privé. À la CSN, nous faisons l’analyse que nos gouvernant-es organisent une privatisation tranquille du système de santé et de services sociaux et de l’ensemble de nos services publics.

    Cette privatisation tranquille s’attaque au principe qui sous-tend notre réseau, soit celle de l’universalité des soins et de la solidarité entre les citoyennes et citoyens face à la maladie. Nous avons pourtant choisi de développer un système universel et accessible qui couvre les besoins de la population, de la naissance à la mort. Non seulement parce que ça nous coûte moins cher collectivement, mais parce que c’est plus efficace de mettre nos moyens en commun pour nous soigner collectivement. Faut-il se rappeler qu’avant la mise en place du régime public, des familles s’endettaient et dans bien des cas ne pouvaient recevoir des soins de santé? Cette situation risque-t-elle de se reproduire si le démantèlement se poursuit?

    Plutôt que de nous placer devant des choix déchirants ayant pour conséquence de priver une part de la population de soins, pourquoi ne pas poursuivre les discussions sur la pertinence des soins?

    Cette préoccupation, tout à fait juste et bien documentée, notamment par l’Association médicale du Québec (AMQ), s’intéresse aux enjeux du surtraitement et du surdiagnostic. Pendant qu’on perd un temps fou à mettre en place des réformes qui affaiblissent notre système public, rien n’est fait pour développer des solutions pourtant connues. Pensons par exemple à la révision du mode de rémunération des médecins, à l’importance de développer les soins à domicile pour tenir compte de la montée des maladies chroniques et à l’urgence d’investir en prévention et en santé publique.

    Encore une fois, plutôt que de prendre en compte les solutions élaborées par les composantes du réseau pour assurer la pérennité de notre système public, le gouvernement Couillard fait la sourde oreille et s’entête à démanteler notre réseau public.

    Guy Laurion