Nos délégué-es du secteur public de toutes les régions du Québec se sont rassemblés à Rivière-du-Loup cette semaine pour discuter du projet de loi 10 sur la fusion des CSSS et l’abolition des agences et pour poursuivre les travaux en vue de la prochaine ronde de négociation du secteur public.
Plusieurs inquiétudes ont été évoquées durant nos échanges. Que ce soit dans les hôpitaux, les CLSC, les CHSLD, dans les centres jeunesse ou les centres de réadaptation, plusieurs travailleuses et travailleurs ont mis de l’avant les impacts que cette réforme des structures aura sur leur travail et sur les services à la population.
Une désorganisation du réseau public
Malheureusement, ce projet de loi ne s’attaque pas aux problèmes qui préoccupent la population. Les usagères et usagers du réseau ne se tracassent pas des structures existantes. Ce qu’ils souhaitent, c’est de pouvoir avoir accès à des services de première ligne et de ne pas avoir à attendre éternellement dans les urgences. Le défi majeur du réseau est celui de l’accessibilité aux services et ce projet de loi ne s’y attaque aucunement. Pendant que les énergies seront mises à s’ajuster au nouveau fonctionnement, bien peu sera fait pour régler ce défi et le réseau se verra paralysé.
Le fardeau de la preuve est du côté du gouvernement. Il ne peut pas que faire de beaux discours. Il doit être en mesure de démontrer que les fusions permettront d’améliorer la situation. Et ce n’est pas pour rien qu’il ne s’y attèle pas : c’est parce que les dernières fusions n’ont pas livré la marchandise. Pourquoi continuer sur cette voie?
Ce que cache véritablement ce projet de loi, c’est une augmentation du pouvoir d’un ministre mégalomane et une accentuation encore plus importante du pouvoir médical sur notre réseau. Le tout alors qu’on coupe les budgets sans arrêt. Qui peut prétendre que c’est une bonne nouvelle?
Une grande partie des solutions passent par une remise en question de ce pouvoir médical. Pour pouvoir améliorer l’accès aux soins, il faudra revoir le mode de rémunération des médecins. Leurs augmentations de salaire et leur mode de rémunération qui ne mise que sur le volume concentrent de plus en plus les budgets entre leurs mains, sans qu’on puisse réellement sentir une amélioration des services. Pour développer les services de première ligne et de prévention, il faudra compter sur le travail de milliers de professionnel-les et non uniquement sur les médecins et leurs supercliniques. Cela est non seulement plus économique, mais permet aussi de miser sur les compétences de chacun.
Si on veut améliorer notre réseau public, il ne faut pas qu’il soit au service des médecins, mais plutôt que les médecins soient au service de notre réseau public.
La riposte contre le démantèlement des services publics
Les délégué-es de la FSSS-CSN considèrent que l’heure est grave et qu’il est temps de passer à l’action. Nous assistons actuellement au démantèlement de nos services publics. Dans les semaines à venir, les actions vont se multiplier dans toutes les régions pour alerter la population.
C’est déjà en marche au CSSS Laval, où le syndicat lance une grève pour assurer le maintien des services à la population. En effet, 8 postes de préposé-es aux bénéficiaires seront abolis dans l’unité de débordement de l’urgence de l’Hôpital de la Cité-de-la-santé, allant en deçà des services essentiels. Cette initiative syndicale est un bel exemple de lutte contre l’austérité. Cela a de quoi inspirer!
De toute évidence, il ne faut plus compter sur le gouvernement pour défendre le réseau public et l’accès aux soins de santé. Tout ce qu’il a en tête, c’est l’austérité! Il fait la sourde oreille alors qu’il est maintenant démontré que l’austérité ne mène à rien : elle ne permet pas d’entraîner la relance économique et elle accroit les inégalités.
Il est temps de s’en prendre à cette austérité qui se présente comme la seule voie possible. C’est l’ensemble des services publics qui sont attaqués actuellement par le gouvernement. En ouvrant la porte au privé, non seulement on devra toutes et tous payer plus cher, mais on devra aussi s’attendre à avoir des services de moins bonne qualité.
Il est donc surtout temps de proposer des alternatives, de mettre de l’avant un autre projet de société. Si on veut avancer, aussi bien économiquement que socialement, on a tout intérêt à miser sur l’égalité et non sur l’austérité.
Nous avons des solutions et nous les mettrons de l’avant. Ces solutions permettront d’améliorer l’accès aux soins et d’économiser des fonds publics.
Nous exprimerons ces solutions de manière très forte par la tenue du Deuxième rendez-vous national sur l’avenir du système public de santé et de services sociaux et par une mobilisation sociale importante.