Il est à la mode ces jours-ci d’alarmer la population sur l’état de nos finances publiques. Le gouvernement nouvellement élu s’y est attelé rapidement, en mettant toute la machine libérale au service d’un objectif clair : faire croire aux Québécoises et Québécois que nous n’avons plus les moyens de payer pour nos services publics et qu’il faudra nécessairement se résoudre à couper dans ces services.
Ce type de discours comprend pourtant plusieurs zones d’ombre. Cela laisse d’abord complètement de côté la question des revenus de l’État, comme s’il était absolument impossible d’augmenter nos revenus collectifs pour investir dans des services dont la grande majorité bénéficie amplement. Un autre élément inquiétant est que lorsque nos gouvernants nous parlent de resserrer les dépenses, ce sont toujours les services à la population qui sont touchés. En santé et services sociaux, on en connaît quelque chose avec les vagues successives de compressions budgétaires.
Un exemple de malfinancement : les PPP en santé!
Pourtant, on ne nous parle jamais des décisions gouvernementales qui nous coûtent beaucoup trop cher pour … enrichir le privé plutôt que donner des services à la population. À la FSSS-CSN, on pense que nous sommes souvent devant des situations de malfinancement de nos services publics. Pensons aux PPP en santé, qui se présentaient au début des années 2000 comme la nouvelle structure qui allait sauver le Québec. Qui peut encore prétendre que ce modèle est intéressant?
Les deux futurs CHU en PPP ne sont même pas complètement sortis de terre que déjà les nombreux problèmes s’accumulent. En fait, on est devant une saga digne d’une télésérie!
Et le tout débute avec le processus d’octroi des contrats. Alors que les acteurs de la société civile s’opposent aux PPP et mettent de l’avant plusieurs préoccupations, l’idée du gouvernement Charest était faite à l’avance, on se lance dans l’aventure PPP, coûte que coûte. On sait maintenant à quel point le travail a été bâclé. En fait, on est en présence d’irrégularités qui nous font penser à ce que l’on entend à la Commission Charbonneau.
On sait maintenant que le contrat du CUSM a été obtenu par de la corruption. Péripétie intéressante pour la future télésérie : la cavale de l’ancien directeur général du CUSM, Arthur Porter, fuyant la justice canadienne alors qu’on cherche toujours un 20 millions de dollars manquants! Et que dire de l’absence de compétition entre les consortiums lors de l’octroi des contrats!
Mais ce qui est le plus inquiétant lorsqu’on s’intéresse à nos finances publiques, ce sont les dépassements de coût monstres de ces projets. Ces projets coûteront plus de 6 milliards aux Québécoises et Québécois et les coûts réels auront plus que doublé par rapport aux annonces initiales. La firme Secor-KPMG annonçait en 2012 que les coûts de construction du CHUM explosaient de 127 % et au CUSM de 78 %.
Vraiment, on s’étonne que personne n’ait pensé faire une télésérie sur le sujet!
Un silence complice des brèches dans nos services publics
Étrangement, Philippe Couillard ne nous parle pas des PPP lorsqu’il évoque des coupes dans les programmes publics. Pourtant, si l’objectif est que nous en ayons pour notre argent et que les sommes investies par les contribuables servent à donner des services de qualité, on peut maintenant affirmer que la voie PPP est un échec!
Si le gouvernement veut s’assurer que nos impôts sont bien investis, nous l’invitons à nous consulter. Comme nous sommes des acteurs clés du réseau de la santé et des services sociaux, nous sommes au front pour constater le gaspillage de nos fonds publics. Quand on pense aux milliards qui sont jetés par les fenêtres dans les PPP, la sous-traitance, l’optimisation et j’en passe, on se demande ce que les décideurs politiques ont comme priorité : assurer la pérennité de nos services publics en misant sur des services de qualité ou accentuer les brèches vers le privé pour favoriser des firmes qui se tiennent dans l’ombre. À la FSSS, on a choisi notre camp depuis longtemps!
Dans un débat éclairé, la population fera le même choix!