Revoir l’organisation du travail? C’est incontournable pour la CSN!
Des syndicats CSN ont dénoncé vertement ces dernières semaines des contrats octroyés à la firme Proaction, dont la prétention est de pouvoir améliorer la performance des établissements en imposant aux salarié-es un mode d’organisation du travail qui bouleverse fondamentalement leur travail et le réduit à de stricts objectifs quantitatifs. Certains, comme la présidente de la Fédération des chambres de commerce, Françoise Bertrand, y voient un prétendu immobilisme. Au contraire, les syndicats réclament d’authentiques démarches d’organisation du travail.
Non seulement nous voulons discuter d’organisation du travail, mais nous avons pris une part active à plusieurs projets de type «LEAN» au cours des dernières années, et ce, avec succès. Des conseillères et des conseillers syndicaux de la CSN, de même que des représentants locaux, ont été formés, souvent par les mêmes spécialistes qui ont soutenu les cadres et les décideurs du réseau dans de telles démarches. En 2012 seulement, la CSN a formé 231 militantes et militants de 146 syndicats du réseau afin de les outiller pour mener des travaux paritaires en organisation du travail.
Par exemple, au CHU Sainte-Justine, syndicats et direction travaillent à l’organisation du travail depuis plusieurs années. Un de ces projets a permis de diminuer le taux de report des chirurgies aux soins intensifs, par manque de lits disponibles, de 33% en 2007-2008 à 15% en 2010-2011.
À Sacré-Coeur, un projet au bloc opératoire a mis à contribution trois firmes externes. Elles ont été aidantes: le taux d’annulation des chirurgies a baissé de 33% en trois ans et le nombre de salles d’opération ouvertes a augmenté de 20%.
Nous avons réussi en instaurant un dialogue sincère et honnête entre la direction, les salarié-es et leurs syndicats. En identifiant tous ensemble les bons objectifs et en travaillant sur la recherche de solutions qui rejoignent les préoccupations de tous. Car, pour nous, revoir l’organisation du travail doit aussi avoir pour effet de corriger des problèmes concrets que vit le personnel dans son travail. Elle doit nécessairement mener à une meilleure satisfaction au travail. En outre, l’organisation du travail doit souvent reposer sur une autonomie professionnelle accrue des salarié-es, ce qui s’accompagne de plus d’imputabilité.
Le cas Proaction
Mais Proaction, tout comme quelques autres firmes du genre, ne fait pas dans l’organisation du travail malgré les prétentions de plusieurs. Sa spécialité est de former des cadres à l’utilisation de méthodes de contrôle de la performance de leurs employé-s. L’application concrète des méthodes Proaction exclut tout dialogue avec les syndicats, elle entraîne une hausse du stress pour les salarié-es, les plaçant même parfois en contradiction par rapport aux normes professionnelles qui régissent leur pratique. Quant aux résultats, axés sur la quantité de services directs uniquement, sur papier, ils peuvent avoir l’air intéressants, mais quand on inclut le facteur humain dans l’analyse, le bilan est peu reluisant.
En ce sens, c’est bien la méthode Proaction qui est un beau cas d’immobilisme dans le réseau et nous le déplorons. En 2012, confier à une firme privée un lucratif contrat – souvent de gré à gré, sans appel d’offres – visant à imposer du haut vers le bas un modèle inadapté aux services de santé et de services sociaux devrait être vivement dénoncé par toutes les organisations qui ont à coeur la saine gestion des finances publiques ainsi que l’amélioration des services à la population.
Jean Lacharité, vice-président, Confédération des syndicats nationaux
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