Le budget fédéral a été déposé le 22 mars et a été accueilli froidement par l’opposition. Ce budget démontre le peu de courage de ce gouvernement pour enfin agir contre les paradis fiscaux. Il consacre de plus le sous-financement du réseau de la santé et des services sociaux avec la diminution des transferts fédéraux à 3 %. Comme le disait un communiqué de la CSN, c’est un budget qui nous laisse sur notre appétit.
Est-ce que c’est ce que l’on doit aussi attendre du prochain budget provincial, qui sera présenté le 28 mars prochain? Souhaitons que non.
Après plusieurs années de vache maigre, il est grand temps de réinvestir dans nos services publics. Et pas de réinvestir quelques millions par-ci par-là pour préparer les prochaines élections, mais de réinvestir directement dans les services à la population.
Un budget provincial qui doit sortir du cercle vicieux de l’austérité
Dans les dernières années, les choix qui ont été faits par le gouvernement Couillard au niveau budgétaire ont eu des conséquences tragiques qui ont fait couler beaucoup d’encre : coupes dans les petits déjeuners dans nos écoles, perte de services pour les élèves en difficulté, augmentation des listes d’attente dans les établissements de santé et de services sociaux, hausse de la charge de travail du personnel, développement des garderies privées au détriment du réseau des services de garde éducatifs, etc.
Cette logique participe d’une volonté néolibérale de nous mettre dans un cycle d’austérité permanent : imposer des coupes budgétaires pour atteindre l’équilibre budgétaire, pour mieux par la suite faire des baisses d’impôts qui nous remettent en déficit budgétaire.
Il faut souhaiter que la pression populaire que les groupes sociaux ont mise dans les dernières années participe à nous sortir de ce cercle vicieux.
Mettre un terme aux coupes nettes dans la santé et les services sociaux
En février dernier, nous rendions publique une analyse des budgets qui démontrait une fois pour toutes l’ampleur des coupes nettes dans les services à la population en santé et services sociaux.
Et ce ne seront pas les maigres investissements annoncés par le gouvernement Couillard qui changeront grand-chose à ce portrait.
Dans ce budget, un gouvernement qui aurait à cœur d’améliorer l’accès aux soins à la population suivrait cette voie : il mettrait de l’avant des solutions connues pour se donner une plus grande marge de manœuvre et il réinvestirait dans les établissements du réseau.
Le gouvernement doit profiter du budget pour donner un peu d’air au réseau. Instaurer un régime entièrement public d’assurance médicaments serait une excellente idée. C’est ce qu’illustre la campagne menée par la Coalition solidarité santé. Comment pouvons-nous continuer de cracher sur des économies allant entre 1 et 3 milliards de dollars par année?
Le mode de rémunération des médecins est un autre problème qui limite toute tentative d’améliorer l’accès aux soins. Ce mode de rémunération a pour effet que les médecins concentrent une part grandissante des investissements dans le réseau. Et que rien ne démontre que cela améliore les soins, bien au contraire. Sur cette question aussi, un consensus se dégage de plus en plus. Il est grand temps d’agir et pourquoi ne pas profiter du budget pour le faire?
Les sommes que nous pouvons collectivement aller chercher en mettant de l’avant des solutions innovantes permettraient d’investir là où ça compte : dans le personnel. Et à voir les taux d’arrêts de travail qui augmentent, le temps est venu d’être proactif. Un réinvestissement en santé et services sociaux doit permettre de mieux appuyer le personnel qui donne les services à la population au quotidien.
Remettre notre confiance dans notre réseau des services de garde éducatifs
La commission sur la petite enfance a remis son rapport récemment et rappelle l’importance de notre réseau des services de garde éducatifs. Abandonné par le gouvernement Couillard, ce réseau vit de dures années.
Ce budget doit être une occasion pour le gouvernement de laisser tranquille ce réseau et de lui donner l’occasion de faire ce qu’il fait de mieux : veiller au développement de nos enfants. Pour cela, il faudra revoir la modulation des tarifs qui n’a pour seule conséquence que de favoriser les garderies privées.
Il faut espérer que le gouvernement prendra le temps d’être à l’écoute des préoccupations de la population avant de déposer son budget. Le message est pourtant clair : il doit mettre l’austérité derrière lui et nous donner les moyens de soigner notre monde.
Jeff Begley