(English below) Baie d’Hudson, 9 novembre 2022 – Le manque de famille d’accueil et de place en service de garde dans les différents villages de la baie d’Hudson est tel que le bien-être des enfants ne peut plus être assuré par la DPJ locale. Le Syndicat des travailleuses et des travailleurs des dispensaires de la baie d’Hudson tire la sonnette d’alarme et demande à la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik et au gouvernement de prendre des mesures concrètes immédiatement, cette situation intolérable perdurant depuis déjà plus de deux mois.
‘’Certains enfants ont fait 10 familles d’accueil différentes en 14 jours. Quand on sait que l’instabilité peut avoir des impacts sur le développement des jeunes enfants, c’est vraiment inquiétant de voir ça, surtout que plusieurs vivent déjà avec des problèmes liés à l’attachement. Deux enfants ont même été victimes de maltraitance physique, car faute de familles d’accueil, ils ont dû être retournés dans la famille d’où ils avaient été retirés. Va-t-il falloir qu’un autre enfant sous la responsabilité de la DPJ meure pour que des actions soient prises?’’ d’alarmer Roxanne Palardy, représentante des techniciens et professionnels en santé et services sociaux.
Faute de place dans les familles d’accueil et dans les services de garde de la région, ce sont alors les travailleuses sociales de la DPJ qui doivent prendre le relais en s’occupant des enfants dans leur bureau de travail, parfois 24/7. Cela donne lieu à des situations invraisemblables où c’est jusqu’à 7 enfants de moins de 5 ans, dont une majorité de poupons, qui doivent être gardés par des travailleuses sociales dans un lieu inadéquat pour leur développement.
‘’Deux travailleuses sociales se relaient pour garder. Elles doivent s’occuper des soins de santé, administrer de la médication, traiter des plaies de lit, gérer les allergies ou des intolérances. Avec le roulement constant du personnel, il y a de grands risques d’erreur pouvant avoir des conséquences sévères sur les enfants. Elles ne peuvent plus continuer comme ça’’ dénonce Gailene Thomas, présidente par intérim du syndicat.
Ces soins constants qu’elles doivent donner aux enfants sans famille d’accueil ne permettent plus aux travailleuses d’effectuer ce pour quoi elles ont été embauchées. Bien que l’équipe de travailleuses de la DPJ affiche complet et qu’elle ne compte plus son temps supplémentaire, les interventions et suivis nécessaires pour les autres enfants ne peuvent plus être réalisés à temps. Cela donne lieu à une escalade des problématiques où presque chaque dossier devient urgent, ouvrant la porte à des situations explosives où la DPJ ne peut plus assurer la protection des enfants qui doivent demeurer dans des familles où ils sont à risque de mauvais traitements.
Des discussions avec la direction de l’établissement ont été réalisées afin de trouver des solutions à ces problématiques, mais rien ne bouge. ‘’Le gouvernement continue d’aller à l’encontre des recommandations formulées dans le rapport de la Commission Laurent. Pourtant, les particularités du contexte autochtone ont fait l’objet d’un chapitre complet dans le rapport. Si la situation de la DPJ est critique dans plusieurs régions du Québec, elle est encore plus dramatique dans le Nord! La situation actuelle est inacceptable, car elle met à risque la santé mentale de ces travailleuses, sans compter le bien-être des enfants qui est déjà affecté. Le gouvernement doit prendre des mesures immédiates pour corriger la situation et mettre en place des projets structurants en impliquant les parties prenantes. Si on souhaite une réelle réconciliation, les communautés locales doivent également être impliquées dans la recherche et la mise en place de solutions plus pérennes ‘’ de s’exclamer Josée Marcotte, vice-présidente de la FSSS-CSN.
À propos de la FSSS-CSN
La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) compte plus de 140 000 membres dans les secteurs public et privé, dont plus de 120 000 dans le réseau public de la santé et des services sociaux, partout au Québec, et ce, dans toutes les catégories de personnel. La FSSS est la plus grande organisation syndicale dans le secteur de la santé et des services sociaux ainsi que dans celui des services de garde. La FSSS-CSN agit en faveur d’une société plus équitable, plus démocratique et plus solidaire.
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Youth Protection in Nunavik: Situation out of Control with Serious Consequences for Children
Hudson Bay, 9 November 2022 – The shortage of foster families and childcare spots in the small towns of Hudson Bay is such that the local youth protection can no longer ensure children’s well-being. The Hudson Bay Dispensary Workers’ Union is sounding the alarm and calling on the Nunavik Regional Board of Health and Social Services and the government to take concrete steps without delay. This intolerable situation has dragged on for more than two months already.
“Some children have gone through 10 foster families in 14 days. We know that instability can impact childhood development and it is really disturbing to see that, especially because many already have attachment issues. Two children were even subject to physical abuse because, due to the lack of foster families, they had to return to families they had been removed from. Does another child under youth protection have to die before action is taken?” asked Roxanne Parady, representative of health and social services technicians and professionals.
Due to the lack of foster families and childcare in the region, youth protection social workers are forced to take care of the children themselves in their offices, sometimes 24/7. This gives rise to unlikely situations in which up to 7 children under the age of 5, mainly infants, are cared for by social workers in places unsuitable for their development.
“Two social workers do the childcare in turns. They do healthcare, dispense medication, treat bed-sores, manage allergies and intolerances. With the constant staff turnover, there is a high risk of error with severe consequences for the children. They can’t go on like this,” decried Gailene Thomas, interim president of the union.
The constant care for children without foster families prevents social workers from carrying out the work they were hired to do. As the youth protection team is fully booked up and can no longer even count overtime, interventions and follow ups with other children can no longer be carried out in a timely way. This leads to an escalation of problems and almost every file becomes urgent, creating explosive situations in which youth protection can no longer ensure the protection of children who have to remain in families where they are at risk of ill-treatment.
Discussions with institution management have taken place in order to find solutions, but nothing has changed. “The government continues to go against the recommendations of the Laurent Commission report. Yet the specificities of the indigenous context were the subject of an entire chapter of the report. The situation is critical for youth protection in many regions of Quebec, but far more dramatic in the North! The current situation is unacceptable because it puts the mental health of these workers at risk, not to mention the well-being of children, which is already affected. The government must take immediate steps to correct the situation and put in place structuring projects by involving stake-holders. If we truly want reconciliation, local communities must also be involved in seeking and implementing more lasting solutions,” exclaimed Josée Marcotte, vice-President of the FSSS-CSN.
About the FSSS-CSN
The Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) has more than 140,000 public and private sector members, including 120,000 public health and social service workers, throughout Quebec, and from all categories of staff. The FSSS is the biggest labour organization in the health and social service sector and in the childcare sector. The FSSS-CSN works for a fairer, more democratic society with greater solidarity.