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    • 19 MAR 18
    Les soignantEs du système de santé public et groupes sociaux uniEs contre les inégalités : Grande manifestation le 24 mars pour exiger un système de santé public fort et accessible

    La population du Québec apprenait la semaine passée que le gouvernement et la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) ont signé une entente qui va permettre aux spécialistes d’empocher 500 millions dollars supplémentaires au fil des quatre prochaines années et environ 2 milliards de dollars supplémentaires sur dix ans. Les médecins omnipraticiens ont quant à eux commencé à recevoir leurs augmentations rétrospectives découlant des négociations de 2016.

    Afin de demander que cet argent serve plutôt à financer un système de santé public fort, réellement accessible, et qui respecte autant les gens qui y travaillent que les patientEs qui s’en servent, MQRP appelle toute la population à se joindre à une manifestation sous la bannière «UniEs pour la santé » qui débutera à la Place Émilie-Gamelin, le samedi 24 mars 2018 à 13 h.

    « Alors que les coupures dans le système de santé et de services sociaux se succèdent sous les politiques d’austérité, que le pouvoir est centralisé dans le dérive autoritaire du ministre de la Santé, que nos collègues subissent des conditions de travail insoutenables et que nos patientEs n’ont pas toujours accès à des services de santé de qualité réellement accessibles, la seule chose qui semble être immune aux coupes est la rémunération des médecins. C’est ce que nous voulons dénoncer en manifestant samedi prochain », explique le Dr Samir Shaheen-Hussein, membre du C.A. de Médecins québécois pour le régime public(MQRP).

    Me Paul Brunet du Conseil de Protection des Malades abonde dans le même sens: « On a rarement vu dans la société québécoise des médecins, élus du peuple, convenir avec et pour d’autres médecins, d’avantages financiers auxquels personne d’autre chez les travailleurs de la santé n’ont eu accès. Quelle honte ! », s’exclame-t-il.

    Les patientes et les patients font les frais de la mauvaise utilisation des ressources financières en santé comme le souligne  Mathieu Francoeur, coordonnateur du Mouvement PHAS (Personnes handicapées pour l’accès aux services).  « Malgré de rares réinvestissements, combien y’a-t-il encore de délais d’attente importants et de réductions d’heures en réadaptation, en hébergement, en soutien à domicile, en soutien à la famille ou en socioprofessionnel ? Les personnes en situation de handicap et leurs proches sont à bout de souffle et elles sont régulièrement confrontées à un faux choix : se passer de services ou s’en payer au privé», dit-il.

    L’accès difficile aux soins est chose courante, selon Dolores Chew, de Femmes de diverses origines: «Nous de FDO-WDO, connaissons toutes trop bien les situations cauchemardesques, intolérables et discriminatoires que subissent les femmes des communautés marginalisées et racisées lorsqu’elles essaient d’accéder au système de santé du Québec. L’inégalité d’accès aux soins aggrave les conditions pour lesquelles elles recherchent une assistance médicale. Ces injustices doivent cesser!»

    Les syndicats, les travailleuses et les travailleurs et  les associations professionnelles prévoient participer à la manifestation en grand nombre pour attirer l’attention sur la situation actuelle du personnel du milieu de la santé qui est vraiment à un point tournant.

    « Depuis la réforme Barrette et en raison des nombreuses compressions budgétaires, tous les indicateurs sont au rouge pour le personnel du réseau. La charge de travail a grimpé comme jamais, faisant augmenter les arrêts de travail. À tout cela s’ajoute un climat de plus en plus toxique, alors que les employeurs en rajoutent une couche en menaçant le personnel et en détériorant les conditions de travail. Plusieurs réfléchissent sérieusement à quitter le réseau. Il faut changer de cap au plus vite et laisser derrière nous les dégâts de l’austérité libérale! » selon Isabelle Cuconati, préposée aux bénéficiaires et représentante syndicale CSN au CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal.

    Les travailleurs du réseau réagissent à ce contexte, comme le démontre Natalie Stake-Doucet, membre du collectif Infirmières en mouvement et organisatrice des États généraux des Soins: « Les travailleurs en santé doivent pouvoir intervenir dans le débat en santé. À défaut d’avoir le droit de le faire, les acteurs de la première ligne ont su passer par-dessus la peur pour se faire entendre; à travers des ‘sit-ins’ partout au Québec, à travers des manifestations et la tenue d’états généraux à, en portant des t-shirts exigeant des ratios sécuritaires et de toutes sortes d’autres façons créatives. Ce mouvement reflète une levée de bouclier pour demander des conditions de travail humaines, mais d’abord et avant tout, il vise à protéger et défendre un système public qui est devenu de plus en plus toxique pour les personnes qui y évoluent (travailleurs et patients) et opaque aux yeux du public. »

    Le système de santé public semble ainsi à un point charnière tant pour les travailleuses et travailleurs que pour les patients et les patients.  La manifestation du 24 mars permettra une union des forces pour la santé, pour un système public accessible à tous et à toutes.

    « Le fait de s’opposer à l’augmentation de la rémunération des médecins ne représente qu’un point de départ. En proposant des revendications osées pour la manifestation, nous voulons encourager une mobilisation populaire qui puissent rêver au jour où l’accent sera véritablement mis sur la prévention et où toute la population québécoise pourra bénéficier d’un accès aux soins de santé de manière digne sans égard à leur capacité de payer » conclut Anne-Sara Briand, étudiante et membre de MQRP.

    Médecins québécois pour le régime public regroupe plus de 500 membres médecins, résidentEs et étudiantEs en médecine et milite pour la défense et l’amélioration de notre système public de santé.