C’en est trop ! Après des années à subir la réforme Barrette et les compressions budgétaires, nous en avons assez !
C’est l’ensemble du personnel du réseau de la santé et des services sociaux qui vit une crise inégalée. Surcharge de travail, épuisement professionnel, pénurie : les problèmes sont nombreux et il est temps de passer à l’action pour qu’enfin des solutions soient mises en place.
Déjà, dans les dernières semaines, les témoignages sur la détresse du personnel sont venus des 4 coins du Québec. Plusieurs syndicats de la FSSS–CSN ont saisi la balle au bond et interviennent à plusieurs niveaux pour faire entendre la voie du personnel.
Jusqu’à maintenant, le ministre Barrette et le gouvernement Couillard ont montré peu d’ouverture à apporter les changements qui s’imposent. C’est ce qui ressort entre autres de la rencontre de l’exécutif de la FSSS-CSN avec le ministre Barrette. Ce gouvernement tarde à faire quelque chose pour répondre à notre détresse. Des mesures fortes et urgentes s’imposent. C’est assez ! Il faut agir !
Pour régler nos problèmes, il faut un regard global riche des points de vue de tous les intervenants du réseau. Ce n’est pas une seule mesure, élaborée par une seule personne, qui va permettre de donner du souffle au personnel. Surtout pas face à un ministre qui aime bien jouer avec les chiffres sur la place publique. Si on porte un regard trop étroit, sur un titre d’emploi ou une seule mesure, on risque de passer à côté de nos problèmes.
L’objectif du ministre Barrette dans cette crise est on ne peut plus clair. Il ne veut parler que d’une mesure très ciblée, afin d’éviter une remise en question de la réforme qui porte son nom et de devoir envisager des transformations majeures. Question de passer rapidement à autre chose, quoi ! Malheureusement pour lui, le personnel du réseau n’entend pas en rester là. Le personnel n’entend pas se laisser diviser par les problèmes engendrés par la réforme.
La solution à la pénurie et à la surcharge des infirmières, des préposé-es aux bénéficiaires et de l’ensemble du personnel ne réside pas uniquement dans la création de postes à temps plein, ou encore dans la mise en place de quotas.
Elle réside de manière beaucoup plus large dans l’amélioration des conditions de travail du personnel et dans une meilleure organisation du travail pour alléger la charge de travail. Avant la réforme Barrette, on avait mis en place plusieurs projets d’organisation du travail qui avaient permis de réduire la charge de travail des équipes et de mieux répondre aux besoins de la population. C’est une des solutions qu’on doit remettre en avant le plus rapidement possible !
Comme chaque négociation dans le secteur public, ces négociations ne sont pas faciles. Plusieurs employeurs du réseau veulent en profiter pour augmenter la mobilité et la flexibilité du personnel. Par exemple, les employeurs souhaiteraient pouvoir déplacer davantage le personnel sur d’énormes distances, afin de couvrir l’ensemble du territoire des nouvelles mégastructures, et ce, au sein de grandes équipes volantes, au lieu de faire appel localement aux équipes coordonnées existantes.
Mais si on veut aider le personnel épuisé du réseau, on doit faire tout autrement ! C’est pourquoi nous nous opposons à de telles demandes patronales qui auraient pour effet de complexifier encore la conciliation famille-travail. Ce dont nous avons besoin, c’est plus de stabilité, une meilleure conciliation famille-travail-études (CFTÉ) et moins de précarité au travail. Nous entendons profiter de ces négociations locales pour progresser sur ces enjeux.
Pour nous, c’est clair, ces négociations doivent permettre de donner de l’oxygène au personnel du réseau. C’est une solution incontournable pour l’avenir du réseau !
Si on veut améliorer le quotidien du personnel du réseau, il faut miser sur plusieurs solutions.
Nous proposons 15 solutions pour améliorer le réseau, au sein d’une alliance inédite, réunissant médecins, patients, cadres et salarié-es. Dans les prochaines semaines, nous rendrons d’ailleurs public un vaste programme de mise en œuvre de ces solutions.
L’actualité récente démontre la pertinence de ces solutions. Pensons par exemple à la question de la rémunération des médecins, qui revient sans cesse au-devant de la scène. Si on veut mieux appuyer le personnel, c’est évident qu’il va falloir revoir le mode de rémunération des médecins.
Il est urgent d’agir sur :
l’organisation des services de première ligne
la prévention : agir sur les déterminants sociaux de la santé
les différents modes de financement et de rémunération
Le personnel du réseau a subi directement les effets des compressions budgétaires des dernières années. La FSSS-CSN a chiffré l’ampleur du problème. Le manque à gagner se chiffre entre 5 et 7 milliards de dollars dans le réseau depuis l’arrivée du gouvernement Couillard. C’est cet argent qui manque pour appuyer correctement le personnel et nous donner les moyens de lutter contre la surcharge de travail.
Ça prend donc des investissements dans le réseau de la santé et des services sociaux. Des investissements pour le personnel et les services, ce n’est pas juste pour les médecins !
Par exemple, un investissement massif est actuellement nécessaire en soins de longue durée pour répondre adéquatement à la montée des maladies chroniques, notamment dues au vieillissement de la population. Des milliers de personnes attendent toujours une place en CHSLD. En soutien à domicile, les investissements requis pour répondre adéquatement aux besoins sont majeurs.
Il faut aussi revoir certaines mauvaises décisions qui nous coûtent très cher collectivement, comme la rémunération à l’acte des médecins et le recours grandissant au privé.
Pensons par exemple au CHUM et CUSM en PPP qui vont continuer de nous coûter une fortune si le gouvernement ne fait rien. Pourtant, on l’a chiffré. Si on sortait de ces contrats, on pourrait aller chercher 4 milliards de dollars. Même chose sur le dossier des médicaments. Si le gouvernement mettait ses culottes et décidait d’affronter le lobby pharmaceutique, on pourrait mettre en place une assurance médicaments 100 % publique. C’est certainement un remède aux coupures. Imaginez ! On pourrait économiser jusqu’à 1 milliard de dollars !
Il est grand temps de faire l’examen des effets de la réforme Barrette. Le gouvernement doit admettre que le personnel du réseau vit plusieurs problèmes.
La FSSS–CSN propose au gouvernement Couillard de mettre en place un comité d’examen de la réforme qui pourra se pencher sur l’organisation du réseau et la charge de travail du personnel.
Les élections approchent à grands pas. Il faut que les partis se positionnent sur la réforme qui affecte le personnel et la population. Ils doivent indiquer qu’ils vont mettre en place un comité d’examen de la réforme s’ils prennent le pouvoir.
C’est le temps de regarder des solutions à la réforme !