Le personnel du réseau est très critique
Devant le manque d’écoute du gouvernement face au personnel du réseau, la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) sonde ses membres sur la gestion de la pandémie dans l’hébergement des aîné-es. Les travailleuses et travailleurs identifient les problèmes vécus sur le terrain et attendent des actions concrètes du gouvernement pour mieux les protéger et les reconnaître.
Le sondage électronique de la FSSS-CSN s’est tenu du 14 au 28 octobre et a permis de recueillir les réponses de 1808 travailleuses et travailleurs du réseau public de santé et de services sociaux et des centres d’hébergement privés.
« Plus le temps passe, plus le gouvernement montre qu’il veut gérer la crise seul. C’est une grave erreur parce que ce sont les gens sur le plancher qui sont les mieux placés pour identifier les solutions. Ce qu’ils disent au gouvernement c’est qu’il faut agir sur le manque de personnel qui touche plusieurs titres d’emploi en améliorant au plus vite les conditions de travail et les salaires. Le personnel du réseau s’étonne aussi que le gouvernement n’annonce pas la nationalisation des CHSLD privés, alors qu’il est clair que la privatisation est un échec », explique Jeff Begley, président de la FSSS-CSN.
Le personnel du réseau savait que nous n’étions pas prêts à faire face à la pandémie en hébergement
Ce sont 91 % des répondant-es qui ne sont pas surpris que la situation a été aussi difficile dans le secteur de l’hébergement pour aîné-es lors de la première vague. Ils attribuent les causes du problème au :
- Manque de personnel (selon 76 % des répondant-es)
- Déplacement du personnel (59 %)
- Manque d’équipements de protection individuelle (35 %)
Le personnel du réseau considère que tout n’a pas été fait pour faire face à la deuxième vague
Ce sont 80 % des répondant-es qui ne croient pas que le nécessaire a été fait pour éviter une crise dans le secteur de l’hébergement pour aîné-es lors de la deuxième vague. À leur avis, cela est dû principalement au fait que :
- Il manque de personnel pour plusieurs titres d’emploi (entretien ménager, secteur administratif, service alimentaire, buanderie, etc.) (selon 60 % des répondant-es)
- Les conditions de travail et les salaires ne sont pas attractifs (60 %)
- Le déplacement de personnel se poursuit (53 %)
Le personnel du réseau est déçu du manque de courage de la CAQ face aux CHSLD privés
Le gouvernement de la CAQ recule et n’ira pas de l’avant avec la nationalisation des CHSLD privés, telle qu’évoquée lors de la première vague de la pandémie. Ce sont 70 % des répondant-es qui considèrent que le gouvernement fait fausse route en optant pour un modèle d’établissement privé conventionné.
La parole aux travailleuses et travailleurs au front
Nous laissons la parole aux travailleuses et travailleurs du réseau qui se sont exprimés en grand nombre pour dénoncer les problèmes qu’ils vivent :
« C’est bien beau vouloir couper partout pour réduire les dépenses, mais ça a des impacts sur tout. Un employé a juste deux bras et deux jambes et en réduisant partout, ça enlève aussi le côté humain que l’on doit avoir avec les résident-es. Tant qu’il n’y aura pas d’amélioration dans les conditions et salaires, peu importe le niveau de poste, vous allez avoir de la misère à avoir du nouveau monde. »
« Le gouvernement doit arrêter de voir la santé comme une dépense. Arrêter de gérer la vie des gens comme une entreprise privée qui recherche que le profit. Le soutien à domicile devrait être beaucoup plus exploité pour diminuer les hospitalisations. Il faut travailler en prévention ! Ça a déjà fonctionné dans le temps ! Les CLSC sont toujours en fin de ligne pour le financement. C’est travailler à l’envers ! »
« Je suis triste et déçu de la manière que le gouvernement gère cette crise. Ils n’ont pas été proactifs ni prévenants au niveau de l’isolement. Par-dessus tout, ils ne sont pas à l’écoute des travailleurs et cela depuis longtemps concernant entre autres le manque de personnel et les salaires. Ils n’ont qu’eux à blâmer. Ce que je trouve inacceptable et inhumain, c’est d’avoir laissé mourir seul tant d’aîné-es. Personne ne mérite de mourir ainsi. »