Le 1er avril dernier, nous soulignions le triste anniversaire de l’application du projet de loi 10. J’annonçais alors que j’allais démontrer les impacts négatifs de la réforme Barrette en donnant des exemples concrets. Cette semaine, concentrons-nous sur les centres jeunesse.
Les centres jeunesse font les frais de la réforme Barrette
Les normes du Ministère de la Santé et des Services sociaux en matière de services auprès des familles de jeunes prévoient qu’entre le moment d’un signalement et une première rencontre, il ne devrait s’écouler qu’un maximum de huit jours. La réalité est toute autre! Selon les données du ministère pour l’année 2014-2015, ces délais varient entre près de 15 jours à plus de 70 jours! Donc dans le meilleur des cas, il faut attendre deux fois plus que ce qu’exige la norme ministérielle. Dans le pire des cas, il faut attendre jusqu’à neuf fois plus longtemps que la norme! Il s’agit d’une situation absolument inacceptable!
Nous avions prédit avec justesse l’état actuel des services dans le réseau de la santé et des services sociaux dès le dévoilement du projet de loi 10.
En effet, dès que le projet de loi 10 a été déposé par le ministre Barrette, nous avons indiqué nos craintes pour l’avenir des services sociaux. Nous disions alors que : « Les services sociaux, la prévention, les services à domicile, le soutien aux plus démunis… ces missions souffrent déjà grandement des choix budgétaires et ils risquent de faire les frais encore davantage de la concentration des budgets au sein de structures mammouths qui deviendront ingérables. Les citoyennes et les citoyens n’auront jamais été aussi éloignés des décisions qui relèveront d’une bureaucratie encore plus lourde. Et le pire dans tout ça, le pire, c’est que rien, absolument rien ne va à l’amélioration de l’accessibilité aux services, le véritable talon d’Achille du réseau. »
La semaine dernière, la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) tenait une conférence de presse avec la Fédération des Professionèles (FP-CSN) pour alerter la population sur l’impact de la réforme Barrette sur les services dans les centres jeunesse. Dans plusieurs régions, nous avons aussi fait des conférences de presse régionales. C’est à ce moment que nous avons dévoilé les chiffres du ministère concernant les délais de traitement pour chacune des régions du Québec.
Je suis fier de notre monde dans les centres jeunesse qui nous ont aidés à analyser le portrait de la situation des jeunes vulnérables. Que ce soit dans la région de Montréal, dans le Cœur-du-Québec, en Estrie, ou au Saguenay-Lac-Saint-Jean, nos syndicats ont fait un travail formidable pour rendre publique la situation régionale.
Avant la mise en place de la réforme Barrette, il existait un Conseil d’administration dans chaque Centre Jeunesse. Chaque mois, ce C.A. se rencontrait pour parler des orientations, du budget et des résolutions des problèmes les plus criants au niveau de la mission jeunesse.
Avec l’adoption du projet de loi 10, il n’y a plus de conseil d’administration à ce niveau. Maintenant, les centres jeunesse sont noyés dans un conseil d’administration qui se rencontre une fois par mois pour parler des orientations et des budgets de tous les services du méga-établissement. À l’intérieur de ces réunions, il est clair que les enjeux des centres jeunesse occupent peu de place.
Aujourd’hui, je vous parle des centres jeunesse, mais il est important de comprendre que la réforme Barrette affecte aussi les CLSC, les Centres de réadaptation, les CHSLD, les services externes des hôpitaux, les services de laboratoire et j’en passe.
Au cours des prochaines semaines, je vais faire le tour de plusieurs missions du système public de santé et de services sociaux pour démontrer comment ce gouvernement travaille à les démanteler.
Jeff Begley