Constatez-vous comme moi l’énergie que plusieurs mouvements de mobilisation pilotés par les jeunes nous procurent depuis quelques années? Après le printemps arabe, il y a eu le printemps érable au Québec, qui a été précédé par la mobilisation du mouvement étudiant au Chili. Avant le printemps érable, il y a eu le mouvement Occupy, où les jeunes ont encore une fois osé assurer le leadership de façon originale. En même temps, de l’autre côté de l’Atlantique, on a vu se développer le mouvement des indignés en Espagne. Vous ne devinerez probablement pas qui occupait une place fondamentale dans ce mouvement, je vous le donne : les jeunes!
Tous ces mouvements ont plusieurs choses en commun : le goût de partager, le goût de s’occuper de son voisin s’il est dans le besoin, le goût d’abandonner la course folle dans laquelle nous nous sommes lancée depuis les années 80 où tous les gains vont aux mieux nantis! Les mobilisations portées par la jeunesse nous font la démonstration que la coopération et la solidarité nous mènent beaucoup plus loin que la compétition et l’individualisme.
Un espoir chez nos voisins du Sud
Ce n’est pas surprenant de constater que dans la course présidentielle aux États-Unis, les jeunes font un choix sans ambiguïté pour celui qui crie sur toutes les tribunes qu’assez c’est assez. Le candidat Bernie Sanders porte un message progressiste qu’on n’espérait plus entendre chez notre voisin du Sud. Fini les inégalités, fini les paradis fiscaux pour les mieux nantis, fini l’endettement indécent des étudiant-e-s, mettons fin à la dépendance au pétrole, promouvons la coopération et même l’amour!
Vous ne pensez pas que ce sont les jeunes qui poussent la candidature du vieux Bernie Sanders? Mardi, dans l’État de New York, où Madame Clinton a gagné la course par plus de 10 points, les jeunes en bas de 40 ans, toutes catégories confondues (homme, femme, blanc, noir, latino, etc.) ont préféré « Bernie » (58%) à Madame Clinton (38%). Dans la Pennsylvanie, c’est à 83 % que les jeunes en bas de 30 ans ont préféré l’audace de Sanders. C’est la même chose dans la vaste majorité des États américains. Les jeunes veulent peser sur « Alt-Ctrl-Delete » pour repartir la machine américaine et relancer la lutte aux inégalités sociales et économiques. Ce n’est peut-être pas Sanders qui mènera la deuxième révolution américaine, mais les jeunes semblent prendre actuellement goût « envers et contre tous » pour l’action politique.
Relancer la lutte aux inégalités sociales
D’ailleurs, il y a dix ans, on n’aurait certainement pas pu deviner que les États-Unis seraient le pays qui allait lancer un large mouvement pour revendiquer une augmentation très substantielle du salaire minimum. La lutte pour le salaire minimum à 15$ est mise de l’avant par la jeunesse états-unienne.
En France, le mouvement Nuit debout, malgré une mobilisation importante, semble avoir des difficultés à articuler sa stratégie de revendications et de lutte (comme l’a vécu plus tôt le mouvement Occupy à ses débuts). Mais chose certaine, les jeunes qui prennent le leadership de ce mouvement disent non aux politiques de l’establishment français.
Une relève syndicale qui donne de l’espoir
Dans le mouvement syndical, on commence à voir la relève qui veut s’imposer. C’est une bonne affaire à mon avis. Les jeunes ne craignent pas de faire les choses d’une autre façon. Lorsqu’ils nous posent la question à savoir pourquoi nous faisons telle chose de cette façon, ils n’acceptent plus la réponse « parce qu’on a toujours fait ça comme ça ». J’ai hâte de voir notre prochain congrès au mois d’octobre. J’espère que les jeunes vont continuer de s’imposer.
C’est la même chose au niveau de notre équipe de travail. La jeunesse est omniprésente. Leur contribution est extraordinaire. Ils nous forcent à faire des débats hors de notre zone de confort et c’est une très bonne affaire.
Il y a de l’espoir!
Il y aura une résistance énorme de la part des acteurs qui bénéficient à l’heure actuelle du fonctionnement du système. C’est pourquoi nous avons tout intérêt à laisser une place importante aux jeunes pour mieux articuler notre stratégie de résistance à l’imposition d’inégalités grandissantes. Qui dit augmentation des inégalités, dit prolifération du capitalisme sauvage, dit paradis fiscaux, dit dégradation de l’environnement, dit inaccessibilité des services publics essentiels de qualité comme la santé, les services sociaux, les services de garde et l’éducation. C’est contre ce modèle qui érige l’inégalité en système que nous devons nous organiser pour mieux riposter. Comme ce sont les jeunes qui paieront le prix de ces politiques qui accentuent les inégalités, leur participation pour changer les choses est un espoir important pour le futur.
Jeff Begley