Il y a exactement 30 ans avait lieu la 2e édition de la Journée d’action nord-américaine pour des salaires décents dans les garderies. Le 21 avril 1994, fut ponctuée de manifestations aux États-Unis, au Manitoba et au Québec, où des travailleuses en garderie de toutes les régions convergèrent vers Montréal ou Québec.
Un peu d’histoire: parce que la lutte paie
En mars 1994, le Comité provincial des garderies de la CSN demande au gouvernement que chaque garderie sans but Iucratif reçoive, entre le 1er janvier 1994 et le 31 mars 1995, une partie du relèvement salarial sous la forme d’une subvention de 3000 $ par poste de travail équivalant à un temps plein. On réclame aussi la mise sur pied d’un comité de travail afin de trouver une solution permanente au problème des salaires. Enfin, le comité rend public son plan d’action qui consiste en un mouvement de grève devant débuter le 30 mars 1994.
Le 30 mars, trois garderies de la région de Montréal déclenchent donc une grève générale illimitée. Partout en province, des actions en appui au mouvement amorcé à Montréal s’organisent. Chaque semaine, trois nouvel les garderies de la région de Montréal se joignent au mouvement de grève illimitée. Entretemps, la rencontre que tiennent le premier ministre Johnson et des représentants de la CSN et de Concertaction ne donne aucun résultat. Le mouvement de grève s’accélère donc et, le 21 avril – qui est aussi la « deuxième journée d’action nord-américaine sur les salaires en garderie» – , presque tous les syndicats de garderies affiliés à la CS N sont en grève, dont une douzaine en grève générale illimitée. Des manifestations se déroulent aussi à Montréal et à Québec et plusieurs garderies non syndiquées y participent.
Le Conseil du statut de la femme presse donc le gouvernement d’agir pour améliorer la situation des éducatrices alors que Concertaction envisage d’inviter les conseils d’administration des garderies à démissionner en bloc au mois de septembre si le gouvernement n’améliore pas de manière significative le financement des garderies.
Fin avril, la ministre Trépanier annonce que le prochain budget contiendra des mesures propres à régler le problème des bas salaires dans le secteur des services de garde.
Le budget qui est déposé le 12 mai prévoit donc une subvention salariale spéciale de 1 $ l’heure pour l’ensemble des employé-es des garderies. Cette mesure est cependant temporaire et doit prendre fin le 30 septembre. La subvention sera alors remplacée par des mesures fiscales et de nouvelles modalités d’aide financière, et ce, dans le but de minimiser les impacts des augmentations de tarif sur les parents. Une fois de plus, le gouvernement refuse de subventionner directement les garderies. Il préfère accorder de l’aide financière aux parents tout en permettant aux garderies de hausser leurs tarifs. Six millions d’argent neuf seront injectés dans la masse salariale des garderies. Dorénavant la bataille devra porter sur le maintien de cet acquis et la consécration d’une subvention salariale récurrente.
Même s’il s’agit d’une mesure temporaire, cette décision de subventionner directement les salaires du secteur des services de garde constitue un précédent important. En effet, dans le passé, le gouvernement avait toujours refusé de financer directement ces salaires en alléguant que les garderies étaient des entités autonomes et que ces décisions relevaient des conseils d’administration.
Quoi qu’il en soit, l’accueil est mitigé dans le milieu des garderies. Si l’on considère qu’il s’agit d’un pas dans la bonne direction, plusieurs considèrent aussi que les nouvelles modalités d’aide financière aux parents seront insuffisantes pour permettre le maintien de la hausse salariale de 1 $ sans pénaliser les parents.