Le projet de loi 10 du ministre Barrette prévoit des changements majeurs qui auraient des conséquences désastreuses sur les services à la population et sur nos conditions de travail. Dans les dernières semaines, nous avons eu l’occasion de démontrer que ce projet de loi ne permettrait pas d’améliorer l’accès aux services et qu’il ouvrirait davantage la porte à la privatisation. Nous regarderons aujourd’hui les impacts qu’il aurait sur nos conditions de travail.
Réduire l’attraction et la rétention dans le réseau
Le projet de loi 10 limiterait grandement l’attraction et la rétention du personnel dans le réseau de la santé et des services sociaux.
La taille des CISSS aurait un impact important sur les exigences de mobilité et de déplacement du personnel. En effet, il va de soi que le ministre Barrette veut forcer le personnel à être beaucoup plus mobile sur le territoire des futures structures mammouths. On y verrait alors de plus en plus de déplacements interétablissements, dont plusieurs qui se feraient dans une distance plus grande que 50 kilomètres du lieu de résidence de plusieurs travailleuses et travailleurs, et ce, dans plusieurs régions. Évidemment, cela entraînerait des bouleversements collatéraux dans notre vie au travail, mais aussi dans la vie personnelle de plusieurs d’entre nous.
Par exemple, quelqu’un qui vit déjà à 50 kilomètres de son lieu de travail pourrait être appelé à travailler finalement à 100 ou 150 kilomètres de son lieu de résidence. Cela démobiliserait plusieurs travailleuses et travailleurs à intégrer le réseau de la santé et des services sociaux, notamment en région. Pensons aux jeunes qui entreront prochainement dans le réseau. Voudront-ils devoir se déplacer sur un territoire beaucoup plus grand? Plus de déplacements ne veut pas uniquement dire une diminution de la qualité de vie, mais aussi une diminution du temps passé auprès des usagères et usagers. Le personnel du réseau veut pouvoir donner des services de qualité à la population, pas passer plus de temps en déplacement!
Dans les grandes villes, l’impact de ces déplacements se fera aussi sentir. Le personnel va se retrouver à faire plus de kilomètres dans le trafic. Encore une fois, ce sera moins de temps passé auprès des usagères et usagers.
Déjà lorsqu’on consulte la relève, ils nous disent qu’ils sont inquiets face aux impacts du projet de loi 10 et qu’ils se questionnent sur leur avenir dans le réseau de la santé et des services sociaux. Plusieurs réfléchissent à la possibilité de changer de carrière.
Nous nous sommes battus pour améliorer l’attraction et la rétention dans le réseau et voilà que le ministre attaque toutes ces avancées!
Quels seront les impacts pour le réseau quand plusieurs travailleuses et travailleurs l’auront quitté?
Les structures mammouths proposés par le ministre Barrette auront pour seul effet de déshumaniser notre travail en éloignant davantage la gestion de notre réalité au travail. En s’éloignant des réels problèmes et des vraies solutions que nous sommes en mesure de proposer, le projet de loi 10 ne pourra que dégrader l’état des services à la population.
Une attaque directe à nos emplois!
En plus de s’attaquer à nos conditions de travail, le projet de loi 10 augmenterait le recours à la privatisation. Plusieurs d’entre nous perdraient ainsi leur emploi et le réseau perdrait une expertise des plus nécessaires.
Dans la négociation qui s’amorce, nous avons mis de l’avant des solutions pour contrer la privatisation. Il faut absolument mieux gérer nos investissements et offrir des services de qualité au meilleur coût. Pour cela, la privatisation n’est pas la solution, parce qu’elle entraîne toujours une hausse des coûts et qu’elle nous fait perdre une expertise précieuse.
Pourtant, le projet de loi 10 prévoit que le ministre pourra faire des ententes de services avec des firmes privées. Il faut donc s’attendre à ce qu’il s’attaque directement à nos emplois en faisant la promotion du privé. Déjà, la volonté de privatiser deux buanderies publiques nous indique bien le préjugé plus que favorable envers le privé.
Et tant pis pour la population qui devra payer plus pour des services de moindre qualité!
Combattre le projet de loi 10 pour défendre nos conditions de travail
Il faut donc continuer de combattre le projet de loi 10. Tout ce que ce projet de loi représente pour nous c’est :
- Plus d’insécurité et plus d’emplois précaires
- Moins de reconnaissance de notre travail et plus de démobilisation dans nos rangs
- Une augmentation de l’exode du personnel et une perte d’expertise publique
- Une atteinte à nos conditions de travail et une augmentation des accidents de travail
- Une porte ouverte à la privatisation
Nadine Lambert