La Fédération de la Santé et des Services sociaux (CSN) a conclu une entente de principe avec le ministère de la Santé et des Services sociaux jeudi à notre table sectorielle. Cette entente, si nos membres l’adoptent, va nous permettre de régler des points importants sur l’organisation des services et du travail dans un réseau qui subit des bouleversements sans précédent depuis le 1er avril avec l’adoption du projet de loi 10 et depuis plusieurs années de compressions budgétaires incessantes.
Une première étape qui démontre que l’on peut gagner
Nous allons d’abord réserver les détails de cette entente à nos membres avant d’en discuter sur la place publique, mais soulignons que celle-ci contient plusieurs gains pour les travailleuses et travailleurs et pour la population.
Suite à la création des mégas établissements, les employeurs voulaient déplacer les personnes selon leur gré. Nous avons réussi à introduire dans la convention collective de nouvelles balises évitant selon certaines situations que des personnes soient obligées de travailler à des distances trop importantes. Cela permettra indirectement de préserver des services de proximité.
Il y a moins de 50 % du monde dans le secteur public qui travaille à temps complet. Nous avons introduit des dispositions dans la convention collective visant à réduire la précarité des emplois. Nous avons réussi à introduire de nouvelles dispositions visant notamment à conter la privatisation et à préserver les emplois dans le secteur public
De plus, nous avons réussi à introduire la prime de rétention des psychologues. Rappelons que le ministère a mis fin à cette prime unilatéralement le 1er avril dernier. En plus de plusieurs gains, nous avons déjà annoncé il y a quelques semaines que nous avons obtenu le retrait de l’ensemble des demandes patronales.
Depuis quelques semaines, j’ai un plaisir énorme à rencontrer nos membres, soit en assemblée, soit sur les lignes de piquetage. Quelle mobilisation extraordinaire qui nous a permis de remplir cette première étape importante. Soyons clairs, nous avons un comité de négociation très fort, appuyé par une équipe de négociation solide.
Mais si nous avons réussi à réaliser cette étape, c’est grâce à la mobilisation de nos membres! Cette mobilisation exemplaire, notamment par le recours à la grève, a permis des avancées à l’ensemble des tables de négociation. C’est donc l’ensemble des travailleuses et travailleurs du réseau de santé et de services sociaux qui bénéficient de cet état de mobilisation. Tout cela pour une raison fort simple : il n’y a que la mobilisation qui peut faire avancer la négociation face à des gouvernements néolibéraux obnubilés par leur biais en faveur de la privatisation.
Nous allons rester mobiliser, d’abord pour appuyer les syndicats et les fédérations qui n’ont pas encore une entente de principe sur leurs matières sectorielles. Ensuite, pour réaliser l’enjeu prioritaire de cette négociation : lutter contre les inégalités sociales en améliorant nos salaires.
Se concentrer sur la priorité : mettre fin à l’appauvrissement
Si je dis que l’essentiel reste à venir, c’est parce que le gouvernement n’a pas encore bougé sur son offre salariale indécente. Vous avez surement vu comme moi dans les nouvelles de jeudi matin que le panier d’épicerie va augmenter de 350$ en 2016. En tenant compte de cette hausse, ainsi que des hausses depuis 2013, les prix de la viande, des légumes, des fruits et noix augmenteront de plus ou moins 20% ! Le président du Conseil du trésor, de son côté, propose une augmentation de 0% cette année ! À cela, il faut ajouter l’augmentation des tarifs d’Hydro-Québec, les augmentations des assurances, les augmentations de loyer et j’en passe. Tout augmente, sauf les salaires des travailleuses et travailleurs.
Ce gouvernement continue de dire qu’il n’y a pas d’argent. Mais il n’y a pas trois jours qui passent sans démontrer le contraire. Chaque semaine, on apprend qu’il n’y a pas de véritable limite pour les médecins, les banquiers et autres privilégiés de notre société. Des médecins qui peuvent facturer jusqu’à 5 000$ pour une journée à donner des vaccins. Il n’y a pas de limite à moins d’être une préposée aux bénéficiaires, une infirmière, une travailleuse sociale, une cuisinière ou un responsable à l’entretien.
Coiteux, notre monde est très déterminé à arrêter l’hémorragie. Sur la période des deux dernières conventions collectives, nous avons perdu 30% par rapport à la hausse du coût de la vie. Nos membres ont donné en masse depuis plus de 10 ans. Ils sont en train de se prononcer sur une banque de 10 jours de grève. Les taux de participation sont très importants et les résultats plus qu’encourageants.
Après cette semaine, il n’y aura fort probablement plus de journée de grève avant Noël, étant donné les délais pour donner des avis de grève. Monsieur Coiteux, pourquoi ne pas profiter de cette accalmie pour avancer à la table de négociation? Assis, à la table de négociation le temps qu’il faut pour trouver un règlement. Ça va peut-être réduire vos journées de congé pendant la période des Fêtes. Mais ça vous permettrait de souhaiter une bonne année à vos employées en évitant d’autres journées de perturbation au retour de la période des Fêtes. Au fond, la suite des choses dépend de vous.
Entre temps, au cas où, nous allons continuer à accumuler nos votes de grève.
Jeff Begley