Les syndicats des centres d’hébergement privés (CHP) de la FSSS-CSN ont lancé récemment leur négociation coordonnée. En nous alliant tous ensemble, nous voulons améliorer les conditions de travail dans ce secteur qui en a plus que besoin. Face au désengagement de l’État, nous devons nous rassembler pour améliorer les services aux aîné-es des CHP.
Un désengagement étatique des plus déplorables
Les différents gouvernements se sont de plus en plus désengagés face à l’hébergement pour les aîné-es en perte d’autonomie. Ils ont en effet réduit les places en CHSLD, en plus d’imposer d’importantes coupes budgétaires qui atteignent les services dans ces établissements publics. Cela fait en sorte que les ainé-es ayant des besoins de soins et de services se retrouvent de plus en plus devant l’obligation de se tourner vers les entreprises privées.
C’est ainsi que le marché des centres d’hébergement privés s’est développé. Et on parle ici d’entreprises privées puisque le but premier de celles-ci n’est pas d’offrir des services et des soins de qualité, mais bien de se doter d’une bonne marge de profits.
Le désengagement étatique a ainsi pour conséquence de créer un marché intéressant pour des promoteurs avides de faire des sous sur la santé de nos aîné-es et de nous déresponsabiliser collectivement sur la qualité de ces services et sur les conditions de travail de celles et ceux qui les donnent.
Des conditions de travail désolantes
Le plus odieux dans tout cette histoire de désengagement est que les travailleuses et travailleurs qui y travaillent n’ont pas les outils nécessaires pour faire le travail adéquatement. Ils sont souvent laissés à eux-mêmes pour donner les services aux aîné-es. Par exemple, il n’y a actuellement aucune demande de formation systématique dans ce secteur. De plus, dans plusieurs cas, les taux de salaire se rapprochent du salaire minimum.
Dans le secteur des CHP, le taux de roulement du personnel est particulièrement inquiétant. Il est de 100% à 150% par année. En offrant de si mauvaises conditions de travail, ces entreprises réduisent encore davantage la qualité des services aux aîné-es. Les taux de roulement ont pour effet que les équipes de travail sont continuellement instables et que la relation de confiance avec les aîné-es s’instaure difficilement.
Dénoncer l’hypocrisie gouvernementale
Il faut absolument dénoncer cette hypocrisie gouvernementale. Comment se fait-il que nos gouvernements acceptent que des travailleuses et travailleurs soient sous-payés et non formés pour donner des services que les ainé-es sont dans l’obligation de se payer en raison du désengagement étatique?
Il faut poser la question : est-ce que le gouvernement est plus intéressé à favoriser le développement de belles opportunités d’affaires ou à s’assurer de la qualité des services aux aîné-es?
Face à l’inaction et à l’hypocrisie gouvernementale, la FSSS-CSN passe à l’action pour défendre les services aux aîné-es et les conditions de travail de celles et ceux qui travaillent dans les CHP.
J’y vois, j’y crois, j’y gagne!
C’est face à tant d’injustice que les travailleuses et travailleurs des CHP ont décidé de se regrouper en négociation coordonnée pour revendiquer quatre demandes communes. En s’alliant tous ensemble, ils améliorent ainsi leur rapport de force face à leur exploitation et à celle des résidentes et résidents.
Les demandes syndicales que nous mettons de l’avant ont pour objectif d’améliorer la qualité des services et des soins qui se donnent dans les CHP. Parce que pour donner de bons services, cela prend d’abord du personnel bien formé et ayant de bonnes conditions de travail. Le rehaussement des salaires permettrait de plus d’améliorer la rétention du personnel et donc de réduire considérablement le taux de roulement du personnel.
Cette négociation sera une belle occasion de vérifier où va la priorité des centres d’hébergement privés : à leurs résidentes et résidents ou à leurs profits.
La négociation coordonnée : j’y vois, j’y crois, j’y gagne!
Nadine Lambert