Depuis son élection en 2014, le gouvernement Couillard utilise tous les moyens pour démanteler notre système public de santé et de services sociaux. Il fait adopter des projets de loi, sous le bâillon pour le projet de loi 10, coupe les vivres au réseau, muselle tous ceux et celles qui s’opposent à ces politiques et favorise le développement du privé.
Récemment, il s’est lancé dans une nouvelle opération de privatisation, cette fois dans les soins de première ligne, alors pourtant que des solutions innovantes existent pour préserver nos services publics. C’est ce qui se ressort des consensus dégagés lors des Rendez-vous nationaux sur l’avenir du système public de santé et de services sociaux.
Un transfert insensé vers les GMF
Plus aucun doute ne peut subsister : le gouvernement Couillard veut démanteler notre système public. Plutôt que d’investir dans les CLSC pour développer des soins dans nos communautés, nous constatons que plusieurs établissements du réseau transfèrent le personnel vers des groupes de médecine de famille (GMF). Et contrairement aux CLSC qui sont des établissements publics, plusieurs GMF sont la propriété privée de médecins.
Un tel transfert pose plusieurs problèmes. D’abord, le bilan des GMF est loin d’être positif. Le rapport du Vérificateur général de 2015 démontre en effet que le modèle GMF n’a pas permis d’améliorer l’accès aux soins et qu’il nous en coûte très cher de confier la gestion des soins de première ligne aux médecins. Avec la légalisation des frais accessoires par le ministre Barrette, la situation ne va qu’empirer pour les usagères et usagers avec une tarification accrue.
Ensuite, un tel transfert vers les GMF ne fera qu’accentuer le pouvoir des médecins sur le réseau de santé et de services sociaux. Pour développer des soins de première ligne qui répondent aux besoins des communautés, on ne peut miser que sur l’approche médicale. Au contraire, c’est par une approche multidisciplinaire qui fait la promotion des compétences de l’ensemble du personnel que l’on peut desservir correctement la population. Avec le projet de loi 10, le ministre Barrette a voulu réduire la mission sociale à sa plus simple expression. Il continue sur cette voie avec le transfert vers les GMF.
Le Québec a pourtant développé un modèle envié partout dans le monde. Les CLSC ont pour mission de construire l’offre de services à partir des besoins de la communauté. En étudiant les cas des usagères et usagers dans une perspective globale, l’équipe multidisciplinaire des CLSC peut mieux répondre aux besoins de la population. Parfois, la personne a besoin des services d’un travailleur social. Dans d’autres situations, c’est une infirmière ou une auxiliaire aux services de santé et sociaux qui seront les mieux placées pour donner des services. Pourquoi ne pas faire confiance à leur professionnalisme en leur donnant les moyens d’améliorer l’accès aux soins?
La raison pour laquelle les CLSC peinent à remplir cette mission fondamentale, c’est notamment parce que les médecins les ont toujours boudés. La solution du ministre Barrette est peu surprenante : il veut confier le pouvoir de gestion de la première ligne aux médecins.
Et que dire des supercliniques?
En plus de transférer le personnel des CLSC vers les GMF, le ministre Barrette a indiqué qu’il mettra en place des supercliniques. Ces cliniques seront le pendant des GMF, mais pour les médecins spécialistes. Encore une fois, le réseau public risque de perdre le contrôle sur la prestation de services à la population.
Le développement des GMF et des supercliniques ouvre grande la porte à l’augmentation de la tarification en santé. C’est dans ces cliniques que les médecins chargeront des frais accessoires aux patientes et patients. Ces frais réduiront d’autant plus l’accès que ce n’est pas tout le monde qui pourra les payer.
Le Vérificateur général note que le Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) peine à contrôler les coûts dans les GMF. On peut certainement s’attendre à la même chose dans les supercliniques.
Le gouvernement laisse d’ailleurs entendre qu’il pourrait transformer l’Hôtel-Dieu de Montréal en superclinique. Pourtant, la Coalition Sauvons l’Hôtel-Dieu a fait la démonstration que nous devons conserver cet établissement pour répondre aux besoins de la population. Nous devons continuer d’interpeller nos élu-es pour garder cet hôpital qui a marqué notre histoire.
Réinvestir notre système public
Si les actions du gouvernement Couillard sont des plus préoccupantes, tout n’est pas joué. En effet, nous devons continuer de démontrer les impacts que de telles actions ont pour la population du Québec. Nous devons continuer de nous faire entendre sur toutes les tribunes pour rappeler que c’est notre système public qui fait le mieux et que nous devons cesser de l’affaiblir.
Et si nous devons continuer de le faire, c’est parce que nous avons raison! La preuve, c’est que le ministre Barrette a dû d’admettre qu’il nous en coûterait moins cher de maintenir l’expertise publique dans les buanderies de Lavérendière et de Partagec, alors pourtant qu’il privilégiait la privatisation.
Les réformes du ministre Barrette ne favorisent que les médecins, les compagnies pharmaceutiques et les assureurs. Se battre pour nos services publics, c’est faire tout pour que l’ensemble de la population ait accès à des soins de première ligne de qualité.
Guy Laurion