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    • 28 AVR 15
    Poursuivre le débat sur l’avenir du réseau public de santé et de services sociaux

    À ma grande surprise, le 13 avril dernier, je recevais une invitation de la présidente de l’association libérale de La Pinière à participer à une conférence sur la réforme du système de la santé du député de La Pinière, monsieur Gaétan Barrette.

    Après réflexion, je confirme ma participation comme vice-président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), mais aussi comme citoyen de la circonscription de La Pinière. C’est une autre occasion pour échanger, débattre, élargir les réflexions sur les enjeux du réseau de la santé et des services sociaux et sa réforme.

    Les réels objectifs de la réforme Barrette : des visées financières

    En préambule de la conférence, le ministre a placé immédiatement l’enjeu principal amenant une telle réforme : l’état des finances publiques en y indiquant que le budget du réseau de la santé et des services sociaux est le plus gros poste budgétaire du budget québécois. De ce fait, le ministre prétend qu’il est impensable que la croissance des dépenses du réseau, de l’ordre de 5,2 %, soit plus élevée que le taux de croissance de l’économie. À son avis, la Loi 10 est l’outil qui permet d’atteindre les objectifs financiers du gouvernement.

    Il a souligné que plusieurs lui avaient prédit l’apocalypse lors de la mise en place de sa réforme. « La prédiction ne s’est pas avérée fondée », a expliqué le ministre. Je lui ai rappelé respectueusement que ce n’est pas parce qu’il rencontre ces 33 PDG et 33 PDGA, donc, 66 personnes aux 2 semaines, qu’il a un portrait exact de ce qui se passe dans le réseau actuellement. Au cours des derniers mois, par mes fonctions dans différentes instances et mes visites dans les établissements auprès des travailleuses et travailleurs du réseau, des gestionnaires, du corps médical,  j’ai été en mesure de constater l’état de morosité, d’incertitude, de découragement, d’indignation qui plane face à la Loi 10. Faut-il rappeler que ce réseau a subi plusieurs réformes sans qu’il y ait d’améliorations majeures pour les services à la population? Quel sera le prix de cette nouvelle réforme?

    La méthode Barrette

    Le ministre a alors expliqué l’importance et la nécessité du projet de Loi 20. Toujours dans une approche de performance, il vise l’implantation de mesures coercitives et de contrôle envers les médecins.

    Dans la prochaine étape de cette réforme et de sa vision globale du réseau, nous pouvons penser que viendra sous peu le financement par activité, le développement des Groupes de médecine familiale et des supercliniques.

    Pourquoi cette réforme était absente du programme du Parti libéral lors de la dernière élection? À cela, le ministre répond qu’il était difficile d’avoir un dialogue élaboré en une si courte période. Faut-il rappeler que ce réseau de la santé et des services sociaux tout comme celui de l’éducation, tout comme nos protections sociales et la vision de société que nous voulons mettre de l’avant appartiennent au débat public.

    En terminant sa présentation, il rappelle l’importance de travailler ensemble, qu’il s’agit d’un effort collectif et que les lois 10 et 20 entre autres étaient nécessaires à forcer le changement.

    À la fin de la conférence, j’ai interpellé de nouveau le ministre Barrette, notamment sur cette approche coercitive de forcer les changements, les cultures et les pratiques sans prendre acte des critiques des composantes du réseau.

    Je lui ai rappelé qu’il serait bien plus gagnant s’il travaillait à bâtir les consensus. Les rendez-vous nationaux que nous avons tenus en juin et en décembre dernier en étaient de bons exemples. Je rappelle les paroles de madame Diane Lavallée, directrice générale de l’AQESSS, qui a fermé ses portes à la suite de l’adoption de la Loi 10. « C’était audacieux de rassembler patrons, syndicats, organismes communautaires, représentants de la société, le Collège des médecins, dit-elle. « Tous clamaient leur souci de préserver le réseau public de la santé. Un réseau qui n’appartient ni au ministre, ni aux gestionnaires, ni aux médecins, mais à la population du Québec. Nous devons préserver ce joyau, malgré les turbulences».

    Encore faut-il avoir le leadership nécessaire, croire aux capacités des personnes pour mener une réforme à bon port, dans une approche pro-active, dans l’intérêt des intervenants, des travailleuses et travailleurs, des citoyens et citoyennes. Le dialogue social promis par Philippe Couillard lors de la dernière élection n’a jamais pris forme. La réforme actuelle du réseau est une autre page noire qui s’ajoute au livre du gouvernement libéral.

    Guy Laurion