Dans mon billet de la semaine dernière, j’ai indiqué que je reviendrais sur le sujet des moyennes canadiennes qui semblent être très importantes pour le premier ministre Couillard. Avec l’ensemble des ballons d’essai lancés par le gouvernement Couillard, on voit bien que ce dernier s’inspire du modèle canadien pour démanteler le modèle québécois. Les distinctions du modèle québécois à l’avantage de la classe moyenne et des moins fortunés sont pourtant nombreuses. Pensons à Hydro-Québec, aux CÉGEPS sans frais de scolarité, aux frais de scolarité universitaires beaucoup plus accessibles en comparaison avec la vaste majorité des provinces canadiennes, aux assurances automobiles moins chères, et j’en passe.
J’ai donc décidé de concentrer cette semaine sur un sujet de l’heure et de faire un résumé de l’ensemble des programmes sociaux québécois la semaine prochaine. Vous allez voir à partir de mon prochain billet qu’il coûte beaucoup plus cher de vivre ailleurs au Canada, et ce, en tenant compte des impôts et taxes. Le choix que les Québécoises et Québécois ont fait de mettre en place des programmes sociaux est donc tout à fait profitable.
Commençons donc par les frais de garde. Le gouvernement Couillard livre actuellement une guerre idéologique pour démanteler les distinctions du Québec à tous les niveaux, en commençant par le niveau économique. Il est tellement insistant que je me suis mis à appeler le premier ministre Couillard « Capitaine Canada » ! Il s’attaque de façon frontale à la politique familiale québécoise, alors qu’elle fait pourtant des jaloux partout au Canada. Depuis des années, les experts cherchent des moyens d’implanter ce programme ailleurs au Canada.
Pour rendre compte des bienfaits de cette politique familiale pour la population québécoise, j’ai décidé de citer quelques sources. Plusieurs personnes pensent à tort que la Fédération ne défend que les intérêts corporatistes de ses membres. Comme vous le verrez ci-dessous, il y a beaucoup de monde qui est d’accord avec notre analyse.
Même le Ministère de la Famille du gouvernement Couillard ne peut défaire des données objectives. Voici deux aspects positifs de la politique qu’on peut trouver sur son site Web :
En 2009, le taux d’activité des femmes de 25 à 54 ans avec des enfants de moins de 6 ans était plus élevé au Québec (77,6 %) que dans l’ensemble du Canada (73,1 %). Il dépassait notamment les taux observés en Ontario (73,0 %), au Manitoba (68,5 %), en Alberta (65,9 %) et en Colombie-Britannique (70,2 %).
C’est donc une augmentation de 12% au Québec depuis 1995 – dernière année avec les pleins tarifs. Ce taux serait probablement plus élevé si on s’était occupé de l’enjeu des manques de places.
Par ailleurs, en 2007, l’incidence du faible revenu chez les familles biparentales et monoparentales est plus faible au Québec que dans les autres provinces lorsque l’on utilise la méthodologie de la mesure du panier de consommation. Pour expliquer la moins grande fréquence du faible revenu au Québec, il est possible d’avancer, à titre exploratoire, un coût plus faible du logement au Québec, des paiements de transfert plus élevés et un coût moindre des services de garde.
Selon un article dans le Devoir:
Ainsi, à Brampton, en Ontario, les frais de garderie médians accaparent l’équivalent de 36 % des revenus annuels de la mère, soit environ quatre mois de travail. À Toronto, London et Windsor, c’est 34 % du salaire de la mère qui passerait aux frais de garde annuels.
Sans grande surprise, c’est au Québec que cet indicateur est le plus bas au pays — autour de 5 %… Ainsi, à Gatineau, les frais de garderies coûtent aux mères environ deux semaines de travail par année, soit 4,0 % du revenu annuel. À Montréal, Longueuil et Québec, c’est 6,0 % — et 7,0 % à Laval.
Le site Web de nouvelles, Yahoo a sorti quelques bijoux aussi :
À l’inverse — ou par conséquent —, c’est au Québec que les dépenses publiques pour chaque place en garderies étaient les plus élevées, à près de 6000 $ (en 2012), contre environ 3000 $ en Ontario et 1600 $ au Nouveau-Brunswick.
Un investissement formidable pour les familles qui ne se fait qu’au Québec.
C’est à Toronto que les tarifs sont les plus élevés, à 1676 $ par mois par enfant. Saint-Jean, Terre-Neuve-et-Labrador, arrive pas très loin derrière avec 1394 $, suivis des autres grandes villes ontariennes et de Vancouver.
Au printemps passé, Radio Canada a publié un article intéressant sur leur site internet :
Ainsi à Vancouver, il en coûte entre 900 et 1000 $ par mois pour faire garder un enfant, soit le prix d’une location d’un assez bon logement à Montréal, à l’autre bout du pays.
Seulement 19 % des enfants âgés d’un à trois ans dans la province de la Colombie-Britannique auraient cependant accès à des services encadrés de garde d’enfants. Beaucoup de garderies fonctionnent donc au noir, pour moins cher, mais avec beaucoup plus de risques de négligence.
Au Centre canadien des politiques alternatives, on a publié cette semaine un rapport sur l’état des services de garde au niveau pancanadien. Les résultats sont sans ambiguïté !
« L’accessibilité des services de garde à l’enfance est un enjeu important non seulement pour les parents, mais aussi pour l’économie canadienne. Lorsqu’ils bénéficient de garderies abordables, comme au Québec, les parents choisissent en forte majorité de travailler », a déclaré David MacDonald.
Même le canal Argent (une chaîne de télé qu’on ne peut accuser d’être très à gauche quand même) en a parlé cette semaine sous le titre :
Certains avancent même que des familles renonceraient au projet d’avoir un deuxième ou un troisième enfant. «Plusieurs ménages n’auront pas les moyens d’absorber une hausse des frais de garde. Ils vivent déjà d’une paie à l’autre», a analysé Sylvie De Bellefeuille, responsable du service budgétaire et juridique chez Option consommateurs.
J’aurais pu présenter encore plusieurs autres témoignages des bienfaits de la politique familiale québécoise. Cela démontre que l’entêtement idéologique du gouvernement Couillard n’aura pour seul effet de nuire à la population.