Depuis le début de la crise, la FSSS-CSN intervient à tous les paliers pour que la santé et sécurité du personnel soit prise en compte.
Priorités et actions
Dès le début de la crise, il y a eu beaucoup à faire. La FSSS s’est donc donné un plan de travail qui, comme à l’habitude, misait largement sur le travail d’équipe. Tant à la FSSS qu’à la CSN, tous se sont mis au travail pour répondre au mieux à la crise avec le colossal défi de coordonner ces actions en période de crise et alors que nous sommes confinés.
Priorité : soutenir le mieux possible nos syndicats. Dès le début de la crise, nous nous sommes consacrés à répondre aux nombreuses questions relatives à la santé et sécurité au travail. De plus, nous avons rapidement développé des mécanismes de veille documentaire, afin de pouvoir rester à l’affut des nombreuses directives émises par le MSSS, l’INSPQ et la CNESST et de leur constante évolution.
Aussi, nous avons rapidement créé des outils pour faciliter le plus possible la diffusion de l’information, en réponse aux nombreuses questions et en appui aux situations problématiques.
Savoir ce qui se passe sur le terrain
Nous avons également mis sur pied rapidement des conférences téléphoniques hebdomadaires dans chacun de nos secteurs, afin de bien être en mesure de comprendre les réalités terrain, tout comme de pouvoir diffuser un certain nombre d’informations. Afin d’assurer une cohésion et une efficacité, nous avons opté pour une formule souple qui permet à tous les membres de l’équipe FSSS de suivre les discussions en personne. Enfin, pour cibler les échanges sur l’essentiel, nous avons choisi de procéder en posant des questions précises, qui nous permettent de soutenir les représentations que nous avons à faire à différentes tables.
Ouvrir des canaux de communication
Rapidement, nous avons compris que de nombreux problèmes allaient devoir faire l’objet de représentations et nous nous sommes donc employés à ouvrir des tables et canaux de communication à la CNESST, avec le MSSS et avec la santé publique, avec pour objectif de faire pression sur la CNESST afin qu’elle intervienne pour mieux assurer la santé et la sécurité du travail. Nous avons aussi fait pression pour que le MSSS mette en place des directives plus sécuritaires et que la santé publique élabore des recommandations pour couvrir toutes les situations de travail, mais surtout pour qu’elle renforce les recommandations actuelles, et ce, pour tous les secteurs.
Signaler les situations critiques aux autorités
Nous avons aussi ouvert des canaux de communication permettant de signaler des situations critiques et urgentes, par exemple relativement au manque de matériel, au non-respect des procédures de santé et sécurité au travail. Cela nous a permis de signaler plusieurs situations critiques, qui ont généré plusieurs interventions qui ont permis de régler des situations critiques.
Documenter nos positions
Afin de soutenir nos positions, nous avons rapidement entrepris de faire appel à nos ressources en recherche (SRT) pour élaborer des outils d’appui à nos représentations politiques. Aussi, nous travaillons en collaboration avec l’ASSTSAS et bénéficions des informations diffusées par l’IRSST.
Pas de compromis sur la santé et la sécurité au travail
Bien que nous comprenions toutes et tous qu’il y a urgence sanitaire, nous estimons que tout compromis sur la santé et la sécurité du travail de nos membres est inacceptable. En effet, il n’y a rien à gagner à ne pas protéger adéquatement la santé et la sécurité de ceux et celles à qui on demande d’intervenir d’urgence, de soigner la population et d’éduquer nos enfants.
Les dossiers de l’heure
Actuellement, les dossiers sur lesquels nous consacrons prioritairement nos énergies sont :
Obtenir un renforcement des procédures et équipements de protection, notamment :
- Protection respiratoire et autres ÉPI : Nous estimons notamment que des respirateurs N95, voire des équipements offrant un niveau de protection encore supérieur, doivent être fournis aux travailleuses et travailleurs de la santé, notamment dans les CHSLD, dans les SAD, dans les services auxiliaires et métiers et dans le secteur préhospitalier.
- Gestion des tests et des mesures d’isolement : Nous réclamons un renforcement des mesures d’isolement et de test pour le personnel, notamment pour gérer les situations (qui devaient demeurer exceptionnelles) de déplacements interrégionaux, interétablissements ou entre zones dans une même installation.
- Outil d’évaluation du risque : Il nous apparait évident que l’outil d’évaluation du risque actuellement utilisé (élaboré par l’INSPQ) est inadéquat et qu’il minimise les risques associés à un contact avec un cas. Nous sommes à faire des représentations en faveur de son renforcement.
- S’assurer que toutes les personnes infectées dans le secteur de la santé et les services de garde puissent facilement déposer une réclamation à la CNESST, ce qui est nécessaire pour mieux protéger les travailleuses et travailleurs et leur famille, en cas de complication, voire de mortalité.
- Agir préventivement en santé psychologique : l’épuisement et la détresse psychologique, déjà bien présents avant la crise s’étendent à vitesse grand-V, dans un contexte qui présente toutes les caractéristiques des événements traumatiques. Une action urgente en prévention santé psychologique est requise.
Ces dossiers chauds visent non seulement à agir sur la situation à court terme, mais aussi à nous préparer à mieux faire face à la phase de déconfinement, ainsi qu’à une éventuelle phase deux de la pandémie.
Pour rencontrer des résultats, des actions et interventions auprès de nombreux acteurs sont nécessaires, et ce, sur une base hebdomadaire.
Voici un aperçu des discussions que nous avons eues ou qui sont actuellement en cours :
Santé publique
Dès le début de la crise, la santé publique a émis de nombreuses recommandations (par le biais de l’INSPQ), qui nous ont semblé contenir des failles importantes en matière de SST. Puis ces recommandations ont parfois été revues à la baisse, ce que nous avons dénoncé. Actuellement, nous utilisons tous les canaux de communication qui sont à notre disposition pour insister sur la nécessité et l’urgence de renforcer de manière urgente les mesures de protection en SST incluses notamment dans les recommandations de l’INSPQ ou qui devraient faire l’objet d’un ordre de santé publique (par exemple pour le niveau de protection respiratoire, pour les mesures d’isolement, l’évaluation de risque, etc.) ;
CNESST
Nous intervenons très régulièrement auprès de la CNESST, afin qu’elle s’assure du respect des lois et règlements en SST, notamment en matière d’obligations des employeurs. Peu importe les recommandations émises par l’INSPQ, c’est à la CNESST qu’appartient la responsabilité de l’application des lois en vigueur en matière de santé et sécurité au travail, qui ne doivent pas laisser de place aux compromis en matière de santé et sécurité des travailleurs. Pour ce faire, nous avons insisté sur les éléments suivants :
- Nécessité de faciliter le processus de réclamation à la CNESST (le processus a été allégé et la CNESST assure qu’aucune réclamation en provenance du personnel de la santé, en cas d’infection par la COVID 19, ne sera refusée par la CNESST) ;
- Nécessité de garder actif le comité paritaire du secteur de la santé (le comité a été réactivé) ;
- Nécessité de créer un mécanisme de discussion pour les services de garde dans le contexte actuel de déconfinement (un comité a été mis sur pied) ;
- Permettre d’interpeller les ministères concernés et la santé publique à une même table (les ministères et la santé publique sont maintenant présents dans les comités) ;
- Nécessité que la CNESST diffuse des données de meilleure qualité sur l’état de situation (travaux accélérés en cours) ;
- Nécessité que les employeurs transmettent les données aux syndicats ;
- Nécessité que la CNESST, dans le cadre de ses interventions, considère d’autres avis que ceux de l’INSPQ concernant la SST ;
- Nécessité que la CNESST exige rapidement des mesures en matière de santé psychologique, dans un contexte post-traumatique ;
- Que la CNESST déploie ses ressources en inspection-prévention sur le terrain, surtout dans les missions critiques (actuellement en cours dans les CHSLD) ;
- Que la CNESST procède à des enquêtes dans les cas de décès étant survenus en lien avec le travail ;
Ministères
Tant au MSSS qu’au Ministère de la Famille, des mécanismes d’échanges ont été mis en place pour nous permettre d’interpeller nos vis-à-vis concernant les différentes directives et protocoles en vigueur dans les milieux et pour signaler les situations qui posent problème. Plusieurs échanges, sur une base quotidienne, ont lieu.
Comme vous pouvez le constater, beaucoup est fait et beaucoup reste à faire. Toute l’équipe de la fédération, sans exception, est à pied d’œuvre pour assurer à nos travailleuses et travailleurs les meilleures conditions possible dans la conjoncture de la crise de la COVID19.
Examen des recours
Cette semaine, en plus du travail quotidien que nous effectuons pour gérer la crise, nous allons nous consacrer à l’examen des différents recours que nous pourrions prendre en lien avec la prévention et les manquements des employeurs et l’inertie de la CNESST aux prises entre les recommandations de la l’INSPQ qui semblent faire office de loi et la non-application de ses propres lois.
Conclusion
Même si beaucoup est fait, tout n’est pas parfait, nous pouvons en convenir. Nous sommes en constant réajustement pour nous assurer que tout est fait pour le bien des travailleuses et travailleurs et nous avons besoin de tout le monde pour y arriver. Une chose est certaine, depuis le début de la crise, tous, sans exception : syndicats, personnes conseillères, élues, tous font preuve d’une grande générosité, de tolérance et de solidarité malgré tous les problèmes que nous rencontrons quotidiennement. Nous pouvons être fières de nous et je vous remercie d’être là pour nos membres et pour la population.